Le ministre de l’Intérieur, particulièrement motivé, persiste à rester actif durant l’été, y compris pendant ses congés. Il s’agit d’une véritable tactique politique, en prévision d’une rentrée qu’il projette comme une manifestation de puissance.
Conduire une ambition politique pendant les vacances: la stratégie de Gérald Darmanin
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est brièvement retiré de ses fonctions pour entamer une courte période de repos, comme la majorité de ses collègues ministériels. Cependant, ce ne sont pas des vacances ordinaires, il les passe à travailler, et son retour à Beauvau est déjà programmé pour le vendredi suivant. Il est resté conscient que pour nourrir une ambition politique, il n’y a pas de place pour de véritables vacances. Il a compris qu’il fallait maintenir une présence constante, sinon d’autres prendraient sa position à sa place.
Malgré la distance qui le sépare momentanément de la capitale, il multiplie les initiatives pour garder un rôle visible. Ainsi, le mardi 8 août, sans faire du bruit, puisque la presse n’a été mise au courant qu’après la fin de son initiative – Gérald Darmanin a pris la direction d’un poste de police à Marseille en costume officiel. Sa visite avait pour but de saluer les efforts de la police locale suite à une importante saisie de cannabis. Mais l’importance de sa visite à Marseille tient également au fait que c’est de cette ville qu’est partie la révolte nationale des forces de l’ordre après qu’un de ses membres a été incarcéré préventivement, accusé d’usage excessif de la force. Cette démarche de Darmanin marque son soutien continu envers ses hommes.
Dissolutions astucieuses dans le contexte actuel
Gérald Darmanin n’a pas seulement profité de son court repos pour féliciter la police. Il a également initié la dissolution de Civitas, une association catholique intégriste. Cette décision est justifiée par la gravité des charges qui pèsent sur l’association, mais elle a aussi une portée politique. Après tout, la décision est intervenue juste avant l’audience en comprendre sur la dissolution contestée de l’association écologiste radicale, Les Soulèvements de la Terre. Bien que cela puisse être considéré comme un simple hasard de calendrier par certains, elle est fortuite pour le ministre.
En effet, si la dissolution de l’association écologiste a reçu de nombreuses critiques de la gauche, celle de Civitas est largement approuvée, allant jusqu’à obtenir l’approbation publique de Jean-Luc Mélenchon – un événement plutôt inhabituel. Derrière cette démarche, il y a la volonté de Darmanin de ne pas s’aliéner certains électeurs. Il est profondément enraciné à droite, mais il sait aussi qu’il doit convaincre au-delà de son propre camp pour espérer remporter la victoire lors des grandes échéances électorales. Par exemple, pour la future loi sur l’immigration qui sera débattue cet automne, il a choisi de s’associer à Olivier Dussopt, ministre issu du Parti socialiste.
La course à l’Élysée pour 2027 débute
Il ne fait aucun doute que Gérald Darmanin, en tant que ministre ambitieux, envisage déjà l’élection de 2027. Ne pas avoir été nommé à Matignon le mois dernier a encore renforcé sa détermination. Pour se rappeler à l’opinion publique, il prépare activement sa prochaine rentrée politique, la première de sa carrière. Il a choisi de la tenir à la fin du mois d’août dans sa ville natale, Tourcoing. On attend plus de cinquante parlementaires de tous bords politiques, y compris des ministres.
L’objectif de Darmanin est d’afficher sa force politique lors de cette rentrée. Le point culminant sera un discours adressé à la classe ouvrière, indiquant clairement sa volonté d’attirer un public plus large. La succession de Macron est déjà dans les esprits, et Darmanin ne compte pas se laisser devancer, pas même par Édouard Philippe. Malgré leur collaboration passée lors du premier mandat, chacun d’eux se présente désormais comme un candidat potentiel à la présidence. La course vers l’Élysée ne se fait pas en duo.