La dernière œuvre cinématographique du metteur en scène franco-marocain Hicham Ayouch est à la fois une comédie originale traitant des excès de l’islamisme extrême et un chant célébrant la joie de vivre, l’affection et la liberté.
Abdelinho est le titre du quatrième film du réalisateur Hicham Ayouch. L’histoire suit un jeune homme marocain, passionné du Brésil et attaché fanatiquement à une actrice principale d’un feuilleton télévisé, qui devient une figure emblématique de liberté dans un quartier défavorisé d’une petite ville isolée du Maroc. Le film est prévu pour une diffusion en salle à partir du 16 août.
Nous suivons le parcours d’Abdellah, surnommé Abdelinho, un Marocain authentique, interprété par Aderrahim Tamimi. Vivant avec sa mère et ses deux sœurs dans une petite ville marocaine, Abdelinho est sujet au souhait de sa mère de le voir marié. Cependant, son cœur bat uniquement pour Maria, une actrice jouant dans un soap opéra brésilien. L’amour qu’il porte à cette dernière l’a conduit à personnaliser sa chambre qui se trouve sur le toit de son immeuble, en une oasis brésilienne qu’il s’est créé de toutes pièces. Il a même adopté la langue brésilienne, et toute sa vie tourne autour de cette passion pour le Brésil – de ses tenues vestimentaires à sa musique, en passant par son deux-roues.
Le personnage de Maria, interprété par Inês Monteiro, est une jolie brésilienne à l’âme généreuse, qui lutte pour protéger son quartier démunie du Brésil des instincts voraces d’hommes d’affaires sans scrupules. Abdelinho, quant à lui, travaille dans un bureau délabré, où il passe ses journées à apposer des timbres sur des enveloppes, tandis que son collègue et ami, un macho dans l’âme, s’adonne à la lecture de magazines pour adultes dans l’espoir de redonner vie à une libido en perte de vitesse. Lorsqu’il n’est pas au travail, Abdelinho passe son temps à raconter les derniers rebondissements de son feuilleton télévisé favori et à enseigner la salsa aux habitants de son quartier.
Malgré l’interdiction religieuse (haram), Abdelinho est convaincu qu’il rencontrera un jour Maria dans la réalité et qu’ils se marieront. Cependant, il n’a pas pris en compte la persévérance de sa mère, qui, pour « exorciser » son fils, fait intervenir Amr Taleb, un prédicateur musulman radicale, présentateur d’une émission de télévision assez bizarre…
Un modèle de l’époque moderne
La question primordiale du film est de savoir si Abdelinho, porteur d’une âme innocente, parviendra à faire prévaloir la liberté, le bonheur et l’amour sur l’ombre oppressante qu’Amr Taleb a jetée sur sa ville natale. Le nouveau film de Hicham Ayouch, connu précédemment pour Fissures (2009) et Fièvres (2013), satirise les excès des autorités religieuses en révélant à la fois la tromperie du gourou et la naïveté des masses. Le cinéaste porte également un regard autocritique sur les défauts de la société marocaine, désavouée par le jugement public.
L’amour d’Abdelinho pour le Brésil le fait paraître distinct, marginalisé d’une société hypocrite et déterminée. L’idéologie de la liberté mentale et physique, et surtout de la joie, sont portées par le personnage moderne de Candide. Leur amour forme un lien entre les quartiers pauvres du Brésil et ceux de la petite ville marocaine.
L’aperçu de personnages dessinés comme des caricatures de dessins animés, d’excellents acteurs, des gags constamment renouvelés et une variété d’idées de mise en scène font de ce film hybride une farce à la fois insouciante, burlesque et audacieuse.
Fiche technique
Genre : Comédie
Réalisateur : Hicham Ayouch
Acteurs : Ali Suliman, Aderrahim Tamimi, Inês Monteiro
Pays : Maroc
Durée : 1h 40min
Sortie : 16 août 2023
Distributeur : Urban Distribution
Synopsis: Abdelinho, appelé Abdellah dans sa ville natale du Maroc, est pris entre une mère agité et un emploi absurde dans une administration. Son seul répit est le Brésil et son amour pour Maria, le personnage principal d’un feuilleton du même nom. Cette passion est menacée avec l’arrivée d’Amr Taleb, un télévangéliste musulman, prêchant une modération contradictoire avec les cours de samba organisés par Abdelinho pour les femmes de sa ville.