La France va interdire aux enfants des écoles publiques de porter des robes amples et longues, appelées « abayas », portées par certaines femmes musulmanes. Il s’agit de la première annonce majeure du nouveau ministre de l’Éducation Gabriel Attal, qui s’est exprimé dimanche devant les médias français à l’approche de la rentrée scolaire.
« J’ai décidé que l’abaya ne pourrait plus être portée dans les écoles », a déclaré dimanche le ministre de l’Education Gabriel Attal dans un entretien à la chaîne de télévision TF1.
« Lorsque vous entrez dans une salle de classe, vous ne devriez pas pouvoir identifier la religion des élèves simplement en les regardant », a-t-il déclaré.
Selon lui, le vêtement violait les lois laïques strictes de la France en matière d’éducation.
Attal a ajouté qu’il donnerait « des règles claires au niveau national » aux chefs d’établissement avant le retour en classe dans tout le pays à partir du 4 septembre.
Cette annonce est la première mesure majeure prise par Attal, 34 ans, depuis qu’il a été promu cet été pour gérer le portefeuille extrêmement controversé de l’éducation.
Le ministre français de l’Éducation, Gabriel Attal, a annoncé que le pays interdirait le port des abayas dans les écoles, invoquant des inquiétudes quant au fait que ces vêtements soient considérés comme une expression religieuse contraire aux lois laïques françaises.
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Des mois de débat
Cette décision intervient après des mois de débats sur le port de l’abaya dans les écoles françaises, où les femmes et même les jeunes filles sont interdites de porter le foulard islamique depuis 2011.
La droite et l’extrême droite avaient fait pression pour cette interdiction, qui, selon la gauche, empièterait sur les libertés civiles.
Il y a eu des rapports selon lesquels les abayas seraient de plus en plus portées dans les écoles et des tensions au sein de l’école sur la question entre les enseignants et les parents.
Mais pour les filles qui les portent, les abayas sont des vêtements culturels et non religieux.
Les abayas sont particulièrement répandues dans les pays du Maghreb et du Golfe.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), organisme national regroupant les associations musulmanes, a déclaré que les vêtements à eux seuls ne constituent pas « un signe religieux ».
Symbole culturel
Il ne s’agit pas d’un vêtement directement lié à la foi musulmane, mais « à une culture », selon Anne-Laure Zwilling, anthropologue des religions au CNRS, comme elle l’explique dans un entretien à France Info. « Si l’abaya était un vêtement religieux, toutes les femmes musulmanes devraient la porter. »
Aucun texte ne l’évoque directement, et elle n’est pas présente dans l’ensemble du monde musulman.
Il ne couvre ni le visage ni les cheveux et peut être coloré.
L’extrême droite a applaudi cette décision.
De la France Insoumise, formation d’opposition de gauche, Clémentine Autain a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « police vestimentaire ».
L’annonce d’Attal était « anticonstitutionnelle » et contraire aux principes fondateurs des valeurs laïques de la France, a-t-elle soutenu – et symptomatique du « rejet obsessionnel des musulmans » par le gouvernement.
Plus tôt cette année, dans le même débat, le prédécesseur d’Attal au poste de ministre de l’Education, Pap Ndiaye, avait déclaré qu’il ne souhaitait pas « publier des catalogues interminables pour préciser les longueurs des robes ».
Lutte pour fournir des lignes directrices
La France a imposé une interdiction stricte des signes religieux dans les écoles publiques dès le XIXe siècle.
Les lois visaient à éliminer l’influence catholique traditionnelle et dominante de l’enseignement public.
Les gouvernements français ont cependant eu du mal à mettre à jour leurs lignes directrices pour traiter la question des minorités.
Une loi de mars 2004 a interdit « le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles. Cela comprend de grandes croix, des kippas juives et des foulards islamiques.
Et en 2010, l’interdiction du port du voile intégral en public a été imposée, provoquant la colère de certains membres de la communauté musulmane de France, forte de cinq millions de personnes.
Plus récemment, en juin, la fédération de football a renouvelé l’interdiction faite aux joueurs de porter le voile islamique lors des matches, malgré les plaintes.
(avec fils de presse)