Près de 2 000 personnes ont été condamnées en France à la suite des émeutes déclenchées fin juin par la mort par balle d’un adolescent lors d’un contrôle routier près de Paris, a déclaré mardi le ministre de la Justice.
Eric Dupond-Moretti avait appelé à une réponse « rapide, ferme et systématique » des magistrats face aux pires violences urbaines que le pays ait connues depuis 2005, de nombreux tribunaux organisant des procès accélérés pour les suspects.
S’adressant à la radio RTL, Dupond-Moretti a indiqué que sur 2.107 personnes jugées, 1.989 ont été reconnues coupables et 1.789 ont été condamnées à des peines de prison.
4 000 personnes ont été arrêtées au cours des huit nuits d’émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle routier à l’ouest de Paris.
Une vidéo d’un policier tirant à bout portant sur l’adolescent est devenue virale.
« J’ai appelé les magistrats à la fermeté et ils ont répondu », a ajouté Dupond-Moretti. « Il s’agissait de rétablir l’ordre public. »
Les émeutes n’ont été contenues qu’après le déploiement d’environ 45 000 membres des forces de sécurité, plusieurs soirs de suite, dont des forces spéciales d’élite de la police et des véhicules blindés.
Le ministre a également indiqué que 20 installations judiciaires avaient été vandalisées au cours des quatre nuits d’affrontements, coûtant 5 millions d’euros au contribuable.
Ailleurs, des devantures de magasins, des véhicules, des écoles et des mairies ont été attaqués, beaucoup attendent d’être réparés.
Mais la mort de Nahel a ravivé les tensions existantes autour de la brutalité policière et du racisme dans le pays.
Plus tôt ce mois-ci, un tribunal de Versailles a confirmé une décision de détention du policier soupçonné d’avoir tué Nahel par balle.
Le suspect, nommé Florian M., un motocycliste de la police de 38 ans, fait l’objet d’une enquête pour homicide volontaire suite au décès.
Mort à Marseille
Par ailleurs, trois policiers français ont été inculpés de « violence armée causant involontairement la mort » le 10 août suite à la mort d’un homme de 27 ans lors des émeutes de Marseille, un cas rare pour des policiers confrontés à une affaire pénale pour violences en service.
Une autopsie de l’homme a montré des marques sur sa poitrine correspondant à l’impact d’un tir de balle explosive couramment utilisée par la police, ont indiqué les procureurs.
Les agents restent sous contrôle judiciaire. Il leur est interdit d’avoir tout contact avec les plaignants dans cette affaire et de participer à tout contingent de police chargé de la lutte contre les émeutes urbaines ou d’événements à grande échelle.
Cette enquête est le dernier incident très médiatisé impliquant la police de Marseille.
Le mois dernier, un homme de 22 ans, Hedi, a dû se faire retirer une partie du crâne après avoir été frappé et visé à coups de balle explosive le 21 juillet par un groupe d’hommes soupçonnés d’être des policiers.
Quatre policiers marseillais ont été inculpés pour cet incident.
Trois ont été libérés sous contrôle judiciaire. Le quatrième a été placé en détention provisoire pour la durée de l’enquête.
Sa détention a suscité une énorme polémique au sein de la police française.