Les dirigeants des partis d’opposition français affirment qu’une réunion de 12 heures avec le président Emmanuel Macron qui s’est terminée tôt jeudi matin ne les a pas convaincus de ses efforts pour forger l’unité sur les questions qui divisent la nation. Macron espérait que cet exercice contribuerait à sortir de l’impasse d’un parlement sans majorité.
Sans surprise, aucun grand accord n’a été annoncé à l’issue de la rencontre entre Macron, la Première ministre Elisabeth Borne et les 11 chefs des partis politiques français au Parlement.
Les discussions à huis clos, composées de deux tables rondes et d’un dîner, ont eu lieu à l’école de la Légion d’honneur, dans la banlieue populaire de Saint-Denis, aux portes de Paris.
Des sources à l’Elysée ont qualifié la rencontre de « fructueuse », ajoutant que Macron avait tendu la main à l’opposition. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré sur France Info que cet événement allait « marquer l’histoire politique de notre pays ».
Critique
L’opposition, quelle qu’elle soit, n’a pas été si facilement conquise.
Eric Ciotti, chef du parti conservateur Les Républicains, qui a le plus souvent voté en faveur du projet de loi Macron, a déclaré à la télévision France 2 qu’il n’était pas convaincu par les résultats de la réunion, même s’il trouvait l’idée utile.
Manuel Bompard, du parti d’extrême gauche France Insoumise, a qualifié la réunion de poudre aux yeux.
« J’ai eu l’impression de vivre 12 heures sur la planète Mars, avec un certain nombre de débats, de discussions et de présentations, mais pas d’annonces, pas de mesures concrètes », a-t-il déclaré à France Info.
De son côté, Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti vert EELV, qui fait partie de l’alliance France Insoumise Nupes à l’Assemblée nationale, s’est dite déçue par le manque de résultats concrets.
Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, s’est montré moins sévère.
« Je ne peux pas dire que ça n’a servi à rien, parce qu’on s’est parlé, et parler c’est déjà une bonne chose », a-t-il déclaré sur RTL, soulignant que cela faisait six mois que Macron avait fait une démarche de dialogue avec l’opposition.
« Il y a un dialogue maintenant », a-t-il déclaré. « Et j’ai toujours été favorable au dialogue. »
A l’extrême droite, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a reconnu qu’il y avait eu des débats francs et ouverts, mais a déclaré qu’ils n’avaient pas été concluants.
Impasse au Parlement
Macron avait lancé l’idée d’organiser des référendums pour sortir de l’impasse parlementaire, une grande partie de la réunion étant consacrée à diverses propositions.
La gauche voudrait soumettre au vote populaire une réforme impopulaire des retraites, imposée au Parlement cette année, tandis que les conservateurs et l’extrême droite souhaitent tous deux un référendum sur l’immigration.
Macron a déclaré qu’il enverrait dans les prochains jours une lettre résumant les domaines qui nécessitent du travail – un document que « n’importe qui pourrait modifier » – avant qu’un nouveau cycle de négociations n’ait lieu.
Toutes les parties ont convenu d’une prochaine réunion qui se tiendrait dans le même format et dans les mêmes conditions.
(avec fils de presse)