Étrange époque : les antiracistes n’ont jamais défendu le racisme avec autant de zèle. L’idylle est honteuse : chacun préférera reprocher à l’autre sa dangereuse liaison. On balaye devant la porte du voisin pour tenter de voir ce qui se trame derrière par le trou de la serrure. Puis c’est la dénonciation.
Dans ces moments-là, il est vivement conseillé de s’indigner, de clamer toute sa haine dans les médias. Il faut vilipender, pleurer, exiger réparation au nom de la dignité humaine. C’est ainsi que l’on devient légitime. Les petites manœuvres feront le reste.
Jean-François Copé n’est pas réellement raciste. Du moins, c’est ce qu’il vous dira. Après tout, ne dénonce-t-il pas le racisme anti-blanc ? Celui qui souhaite décomplexer la droite s’en émeut dans son dernier ouvrage. Il s’inquiète de ceux qui vivent dans les quartiers « où il ne fait pas bon être une femme ou être de couleur blanche ». Il verse une petite larme, prétend connaître le problème dans sa bonne ville de Meaux, déglutit, essuie ses yeux secs et sourit.
Que seraient les identitaires sans les libéraux ?
Le candidat à la présidence de l’UMP, a appris du duo Buisson/Sarkozy comment tirer profit des angoisses des perdants de la mondialisation. Il sait aussi qu’une partie des militants abhorre la droite progressiste à la NKM, la droite Inrocks. Il faut bien choisir un cap. A tribord toute. En s’emparant de l’un des thèmes fétiches du FN, Copé suscite parallèlement le courroux des gentils libéral-sociétaux. Ils montent au créneau, s’insurgent, nient farouchement et se distinguent par leur candeur. Conséquence du débat : celui qui pense souffrir de l’insécurité culturelle craint un peu plus une violence dont il n’est pas victime, pendant que celui qui endure les actes racistes comprend que la gauche n’a cure de son sort. L’incendiaire allume le feu, les imbéciles ajoutent l’huile. Du travail d’équipe. Les identitaires applaudissent.
Le PS tourne le dos aux ouvriers et trouve d’autres causes à défendre : l’antiracisme ou le droit des femmes et des homosexuels.
SOS Racisme n’est pas raciste. D’ailleurs, c’est ce qu’on vous dira à l’accueil de l’association. Elle entend simplement de moins en moins les blancs. Pourquoi entendrait-elle leurs plaintes ? Revenons trente ans en arrière. Dans les années 1980, Reagan durcit sa politique à l’égard des plus faibles aux Etats-Unis, Thatcher réprime les mineurs anglais et Mitterrand succombe aux sirènes du capitalisme. Du fumier éclot la nouvelle rose. Le PS tourne le dos aux ouvriers et trouve d’autres causes à défendre : l’antiracisme ou le droit des femmes et des homosexuels. Il n’y a pas de libéralisme économique sans libéralisme culturel : Michel Rocard et Harlem Désir s’unissent donc pour le pire. Les soixante-huitards sont invités à la cérémonie. SOS Racisme naît en 1984.
La prévarication de la gauche
Le pire ne fut pas, bien évidemment, d’avoir défendu les minorités, mais d’avoir stimulé leur sentiment identitaire. Chacune d’elles se drape désormais dans un étendard qui n’est pas celui de la France. Toutes mettent en avant leurs différences plutôt que leur similarité. Aucune ne se sent intégrée. Quant à l’électorat ouvrier, abandonné par la gauche et considéré comme un ramassis de ploucs incultes par les dévots du multiculturalisme, il s’est replié sur lui-même. Il a pris conscience qu’il était la première victime de la mondialisation. Les anciens trotskistes l’ont poussé dans les bras de Le Pen. Les identitaires se lèvent, ovationnent.
Il n’y a rien de plus semblable à un identitaire de gauche qu’un identitaire de droite. Les politiciens des deux bords l’ont bien compris. Ces irresponsables en jouent pour défendre leur position, sans se soucier des conséquences.