Le festival international de photojournalisme Visa pour l’Image débute samedi à Perpignan, dans le sud de la France. La 35e édition mettra en lumière les conséquences du changement climatique, ainsi que les crises migratoires en Méditerranée et en Amérique du Sud, la guerre en Ukraine et les soulèvements en Iran.
« Cela fait des années que nous disons que la maison est en train de brûler, mais nous n’avons toujours pas bougé ! Il va falloir s’adapter : le changement climatique devient un problème urgent, et si Visa peut aider à en faire prendre conscience , ce serait génial », a déclaré à l’AFP Jean-François Leroy, directeur du festival.
James Balog, Nick Brandt, Giles Clarke et Ian Berry exposeront leurs photos montrant les conséquences de la surexploitation des ressources de la planète – non seulement sur la nature mais aussi sur les populations privées d’eau, empoisonnées par les pesticides ou encore contraintes à l’exil.
Le visage humain du changement climatique
Dans sa série « Farewell Isle de Jean-Charles », la photographe Sandra Mehl tourne son objectif vers les premiers réfugiés climatiques des États-Unis, dans l’État de Louisiane.
Le changement climatique n’épargne pas la première puissance économique mondiale, mais de nombreux migrants rêvent d’y poser les pieds et s’embarquent pour cela dans des voyages périlleux.
« A force de donner des chiffres sur les morts et les disparitions en mer, ils deviennent des statistiques, et nous voulons montrer que derrière eux il y a des êtres humains qui souffrent et prennent des risques insensés pour se donner une vie meilleure », a expliqué Leroy.
Crises migratoires
Le festival de cette année voit deux photojournalistes s’intéresser à la migration sur différents continents.
Michael Bunel montre les personnes qui tentent de passer en Europe par la Méditerranée, devenue la route migratoire la plus meurtrière au monde.
Pendant ce temps, Federico Rios Escobar – lauréat du Visa d’Or humanitaire 2023 du Comité international de la Croix-Rouge – a capturé le voyage désespéré à travers le Darién Gap, une jungle entre la Colombie et le Panama auquel les migrants sont confrontés lorsqu’ils tentent d’atteindre les États-Unis.
Le festival se concentre également sur d’autres sujets d’actualité, notamment la guerre en Ukraine et les soulèvements en Iran, documentés ici par un groupe de photographes anonymes.
« Ce sont des photos que nous récupérons sur les réseaux sociaux ou par VPN (connexion sécurisée), et c’est une première pour Visa, car en Iran il n’est plus possible de travailler, de s’identifier comme photographe », précise Leroy.
La photographie à l’ère de l’IA
L’intelligence artificielle (IA) fera également l’objet d’une table ronde, Leroy suggérant que l’IA est « vouée à changer les choses pour les photographes illustratifs ».
Quant aux photos d’actualité, qui doivent « capturer la réalité du terrain », il estime que l’IA ne remplacera jamais « l’œil humain, la sensibilité humaine ».
Au total, 24 expositions et six projections en soirée, ainsi que des débats, conférences et rencontres avec des photographes, sont prévus pour l’événement de cette année.
Les différents prix, qui récompensent les meilleurs reportages de l’année écoulée, seront remis à partir du 6 septembre.
► Visa pour l’Image se déroule à Perpignan du 2 au 17 septembre 2023. Il sera également exposé à La Villette à Paris du 16 au 30 septembre.