Le procès de Mohamed Lamine Aberouz, pour son rôle dans le meurtre d’un couple de policiers à leur domicile au nord-ouest de Paris en juin 2016, s’ouvre ce lundi devant un tribunal spécial de la capitale française.
Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans, est inculpé de « complicité d’assassinat sur agent public », « association de malfaiteurs terroriste » et « complicité d’enlèvement » en relation avec une entreprise terroriste.
Il risque la prison à vie s’il est reconnu coupable.
Aberouz a été inculpé le 11 décembre 2017 et est depuis détenu à l’isolement.
Il insiste sur le fait qu’il est innocent, puisqu’il s’est rendu dans une salle de prière le soir de l’attaque.
La mort à l’arme blanche de Jean-Baptiste Salvaing, commandant adjoint du commissariat et de sa compagne Jessica Schneider, agente administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, a profondément choqué les forces de l’ordre partout en France.
Leurs meurtres marquaient la première fois dans l’histoire de France que des policiers étaient tués alors qu’ils n’étaient pas en service, à leur propre domicile.
L’assassin des deux policiers, Larossi Abballa, a été tué lors de l’assaut policier visant à libérer l’enfant de trois ans du couple qu’il tenait en otage.
Selon des documents judiciaires, il a déclaré aux négociateurs de la police qu’il répondait à l’appel d’un chef de l’EI de « tuer les mécréants chez eux avec leurs familles ».
Sept ans après le sauvage assassinat de Jean-Baptiste et Jessica, victime de la barbarie #islamistele procès d’un accusé de complicité débute demain.
Notre cœur saignera à jamais.
Jean-Baptiste était officier de #policedélégué de notre syndicat.@CFDT #Magnanville pic.twitter.com/tIe5iwv3DZ— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI) 24 septembre 2023
L’accusation cherche à prouver la complicité
La question clé du procès qui s’ouvre aujourd’hui est de savoir si Abballa a agi seul – l’accusation est convaincue qu’il avait un complice à l’intérieur de la maison.
Les procureurs soutiennent que c’est Aberouz qui a indiqué à Larossi Abballa que le couple de policiers devait être la cible de l’attaque.
Le dossier de l’accusation indique qu’Aberouz « s’est rendu avec (Larossi Abballa) au domicile des victimes le soir des faits, se connectant à l’ordinateur des victimes pour visionner des photographies de Jean-Baptiste Salvaing, permettant ainsi à Larossi Abballa de l’identifier immédiatement et de transporter l’acte commis contre lui avant même qu’il ait eu le temps de rentrer chez lui.
Des traces de l’ADN d’Aberouz – retrouvées sur le repose-poignet de l’ordinateur du couple – sont utilisées pour prouver sa complicité dans l’assassinat des deux policiers.
Toutefois, hormis les traces ADN, aucune autre preuve tangible de sa présence sur les lieux n’a été établie.
Les avocats de l’accusé entendent plaider en faveur de son acquittement, estimant que Larossi Abballa était un soi-disant « loup solitaire » qui n’avait pas besoin de complice.
Les avocats soulignent également l’incapacité de l’État à surveiller Larossi Abballa, qui figurait dans un dossier spécial de la police antiterroriste et avait déjà été reconnu coupable d’« association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes » en 2013.
Idéologie extrémiste partagée
Les enquêteurs pensent qu’Aberouz a pu s’enfuir du domicile des victimes « avant l’intervention de la police », invoquant la « configuration des lieux ».
« Les dénégations de Mohammed Lamine Aberouz quant à son adhésion à l’idéologie djihadiste (…) n’apparaissent ni convaincantes ni suffisantes au regard des éléments recueillis par ailleurs », ont ajouté les enquêteurs, soulignant qu’Aberouz et Abballa « étaient animés par la même idéologie en faveur du du jihad armé ».
Par ailleurs, l’enquête a également révélé que Larossi Abballa avait mis Mohamed Lamine Aberouz en contact avec une jeune femme, Sarah Hervouët, qui purge actuellement une peine de 20 ans de prison pour avoir poignardé un policier en civil suite à une tentative d’attaque à la bouteille de gaz près de Notre-Dame. cathédrale en septembre 2016.
Elle doit également être entendue par le tribunal ce lundi.
Dans cette affaire, Aberouz a été condamné en appel en juin 2021 à cinq ans d’emprisonnement pour non-dénonciation d’un crime terroriste.
La première journée d’audience d’aujourd’hui sera également consacrée à l’examen de la personnalité des accusés, du contexte, de la présentation des faits et de l’enquête.
Les audiences doivent avoir lieu tous les jours de la semaine à partir de 9 heures du matin, avec un verdict attendu d’ici le 10 octobre.