Le Festival international du film de Toronto (TIFF) a débuté en résonnant avec le mouvement social qui a mis Hollywood à l’arrêt ces derniers mois. Cameron Bailey, à la tête du TIFF, a néanmoins mis en avant « la puissance du cinéma » malgré cette cessation de travail sans précédent.
Le principal événement cinématographique de l’Amérique du Nord a débuté le jeudi 7 septembre à Toronto, marqué par la projection du dernier film prévu du réalisateur japonais et lauréat d’un Oscar, Hayao Miyazaki. Deux grèves perturbant l’industrie d’Hollywood ont ajouté du piquant à l’ouverture.
Les responsables de cette manifestation, habituellement un tremplin pour les films en lice aux Oscars, ont mis la dernière main à diverses activités comme des premières, des soirées à thèmes et des émissions de télévision. Tout ceci se déroulait alors que les acteurs revendiquaient de meilleurs salaires et conditions de travail par le biais de manifestations. Le directeur du Festival international du film de Toronto (TIFF), Cameron Bailey, a confié à l’AFP que la diversité de la programmation mondiale et la capacité des réalisateurs et acteurs à soutenir des films indépendants, même en temps de grève, témoignent du « dynamisme du cinéma actuel ».
L’écho de la grève à Hollywood
Jeudi soir, lors de l’ouverture du festival, Duncan Crabtree-Ireland, qui dirige les négociations avec les studios et les plateformes de diffusion en ligne pour le compte des environ 160 000 acteurs affiliés à la Screen Actors Guild (SAG-AFTRA), a fait le point sur la situation des grévistes. « Les studios n’ont repris les négociations dans aucun contexte. Ils n’ont formulé aucune intention de le faire. (…) Cela dure depuis 56 jours », a déclaré Duncan Crabtree-Ireland, venu pour la première du film de Hayao Miyazaki, Le Garçon et le Héron, qui sera probablement son dernier film pour le célèbre Studio Ghibli, à l’âge de 82 ans.
« Je les appelle à revenir à la table des négociations pour parvenir à un accord équitable. C’est le seul moyen de mettre fin à la grève », a-t-il ajouté, alors que le syndicat des acteurs interdit à ses membres de faire la promotion des films pendant la grève. Cependant, des exceptions ont été accordées, et certains films projetés à Toronto ne sont pas concernés par la grève car ils ont été produits indépendamment ou à l’étranger.
Engagement inébranlable
Patricia Arquette, actrice et réalisatrice, qui faisait ses débuts de réalisatrice avec Gonzo Girl, a déclaré sur le tapis rouge, où elle portait fièrement un insigne du syndicat SAG-AFTRA : « Nous soutenons pleinement notre syndicat, c’est une grève très importante pour nous ». Finola Dwyer, productrice du premier film réalisé par l’actrice Kristin Scott Thomas, North Star, a quant à elle affirmé que les actrices Scarlett Johansson, Sienna Miller, Emily Beecham et la réalisatrice espéraient être présentes, mais qu’elles étaient très « engagées » dans le mouvement de grève.
Patricia Arquette recevra un prix le dimanche 10 septembre pour son rôle actif en tant que femme dans l’industrie du cinéma, qui « met constamment au défi les conventions et soulève le débat sur l’égalité des revenus », déclare le directeur du festival. D’autres acteurs devenus réalisateurs comme Taika Waititi, Anna Kendrick et Ethan Hawke, sont très attendus dans la plus grande ville du Canada durant le festival, qui se terminera le 17 septembre.
« Les Indésirables » de Ladj Ly présentés à Toronto
Le réalisateur français Ladj Ly présentera son film Les Indésirables, qui porte un regard critique sur les communautés marginalisées en banlieue parisienne, quatre ans après son premier long métrage, nominé aux Oscars, Les Misérables.
Au programme également, la première internationale du film The Holdovers, réalisé par Alexander Payne (Sideways), ainsi que le documentaire sur la pop star Lil Nas X, intitulé Lil Nas X: Long Live Montero. Ce dernier fait partie des nombreux films musicaux présentés, avec une première mondiale d’ In Restless Dreams: The Music of Paul Simon réalisé par Alex Gibney. Toronto est, avec Venise et Telluride, une étape clé de la saison des festivals d’automne, où de nombreux prétendants aux prix américains viennent présenter en avant-première leurs œuvres.
Parmi les films présentés en première mondiale à Toronto, on peut citer Dumb Money, avec Seth Rogen et Paul Dano, qui raconte la révolte de milliers de traders en 2021 pour faire grimper les actions de GameStop face aux fonds d’investissement qui misaient sur leur chute. Robert De Niro interprète dans Ezra un père dont le fils revient vivre chez lui après l’échec de sa carrière et de son mariage. Pendant ce temps, Al Pacino, son collègue du film Heat, est à l’affiche de Knox Goes Away, de Michael Keaton.