Les deux jeunes femmes, âgées de 25 et 22 ans, faisaient l’objet d’accusations pour avoir pratiqué illégalement des injections de botox et d’acide hyaluronique sur de nombreux clients, parmi lesquels au moins 30 ont décidé de se constituer parties civiles.
Deux sœurs, très actives sur les réseaux sociaux, ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Valenciennes à de la prison ferme et du sursis pour des centaines d’injections illégales de botox et d’acide hyaluronique. Selma, 25 ans, esthéticienne se faisant appeler « Dr Lougayne » sur les réseaux sociaux, a été condamnée à quatre ans de prison, dont trois avec sursis, pour « mise en danger d’autrui » et « exercice illégal de la profession de médecin ». Sa sœur cadette de 22 ans a quant à elle écopé de deux ans de prison avec sursis. Au moins 30 personnes se sont portées parties civiles dans cette affaire. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui a comparé les injections à un « trafic de stupéfiants ». Les avocats de la défense ont dénoncé une décision « scandaleuse » et envisagent un appel.
Les séquelles causées par ces injections illégales ont été énumérées par le tribunal lors de l’audience : abcès au menton nécessitant une opération d’urgence, éruption cutanée sévère, bouche partiellement paralysée, paupières tombantes, boules ou taches sur les lèvres. Une plaignante, Julie, a témoigné en décrivant les conséquences sur son visage et sur sa confiance en elle. Elle regrette d’avoir fait confiance à ces sœurs pour améliorer son apparence et indique suivre un suivi psychologique pour faire face à ces problèmes.
Les deux sœurs ont admis avoir réalisé les injections mais refutent d’être responsables des effets secondaires graves. Elles affirment avoir voulu embellir leurs clientes, influencées par la tendance des réseaux sociaux. Selma affirme ne pas avoir mesuré la gravité de ses agissements. Elle est diplômée d’un CAP esthétique depuis 2020 et commençait à proposer des injections dès 2021 après avoir suivi plusieurs formations en Belgique et avec des formatrices russes ou ukrainiennes.
Selon les gendarmes, au moins 600 clients ont été recensés entre janvier 2021 et juillet 2023. Les deux sœurs avaient une forte présence sur les réseaux sociaux, avec 50 000 abonnés, et organisaient des sessions d’injection dans des salons de coiffure, d’esthétique, voire à domicile dans les Hauts-de-France et en région parisienne. Les gendarmes ont commencé à enquêter sur leur activité en mars 2023, après avoir identifié leurs profils sur SnapChat et Instagram. Le 14 mai, lors d’une session à Valenciennes, les deux sœurs ont été interpellées et perquisitionnées à leur domicile. Les enquêteurs ont saisi une centaine de seringues, des fioles d’acide hyaluronique et de botox provenant notamment de Russie et de Corée, ainsi que 14 000 euros en liquide, des articles de luxe et deux véhicules de luxe. Les enquêteurs estiment que leur activité a rapporté au moins 120 000 euros en moins de trois ans.