Le président français Emmanuel Macron a apporté jeudi son soutien à un statut d’autonomie pour l’île méditerranéenne de Corse, une région souvent en contradiction avec le régime parisien.
Dans un discours de 40 minutes devant les élus de Corisca, Macron a déclaré qu’il était temps de construire une autonomie constitutionnelle pour l’île, mais sans aucun désengagement de la république française.
« Ce ne sera pas une autonomie contre l’Etat, ni une autonomie sans l’Etat, mais une autonomie pour la Corse et au sein de la république », a déclaré Macron au Parlement de l’île d’Ajaccio, actuellement contrôlée par les nationalistes.
« Nous devrions avoir le courage d’instaurer une forme d’autonomie de la Corse au sein de la France… Nous échouerions tous si nous laissions les choses telles qu’elles sont. »

Les retombées de Colonna
La Corse est devenue l’une des priorités de l’agenda politique français l’année dernière lorsque des violences généralisées ont éclaté à la suite de l’assassinat dans une prison du continent du nationaliste Yvan Colonna.
Le combattant indépendantiste, emprisonné à perpétuité pour le meurtre en 1998 du préfet de région Claude Erignac, a été poignardé à mort par un autre détenu.
L’assassinat de Colonna a déclenché « une violence incroyable qui a amené la Corse au bord d’un conflit généralisé », a déclaré à Macron le responsable de l’île, Gilles Simeoni.
Les Corses réclament depuis longtemps plus de pouvoir sur leurs propres affaires, ainsi qu’un statut officiel de leur langue et une protection contre les étrangers qui achètent des terres, deux demandes épineuses que Paris hésite à accorder.
La Corse doit (…) devenir le territoire autonome qu’elle devrait être », a déclaré à Macron la présidente du Parlement régional, Marie-Antoinette Maupertuis, avant son discours.

Les jeunes de l’île, en particulier, « se sentent extrêmement dépossédés », a-t-elle ajouté.
Macron s’est engagé à introduire une législation qui « ancrerait pleinement la Corse dans la république française et reconnaîtrait le caractère unique de son caractère insulaire méditerranéen et sa relation avec le monde ».
Il a fixé un délai de six mois aux hommes politiques de l’île pour parvenir à un accord avec Paris sur une nouvelle loi qui modifierait la constitution française et modifierait le statut de la Corse.
« Pas de lignes rouges »
« Il n’y a pas de lignes rouges, juste les idéaux de la république », a ajouté Macron.
Mais comme le quotidien local Corse Matin « Le président ne dit pas précisément à quoi ressemble « l’autonomie corse » ». Le journal souligne également que Macron ne dispose pas de la majorité absolue au Parlement, ce qui pourrait retarder la finalisation de tout projet.
Par ailleurs, le groupe indépendantiste Corsica Libera s’est plaint, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, que les députés corses aient été convoqués dans leur propre chambre pour « assister en simples spectateurs » au « monologue » du président, prédisant que les propositions sur l’autonomie se résumeraient à de « simples spectateurs ». décentralisation ».
En signe de protestation, Josepha Giacometti Piredda, représentante de Corsica Libera au parlement local, n’a pas assisté au discours de Macron.
(avec fils de presse)