En 2022, une loi a été adoptée afin de permettre à la justice d’ouvrir des enquêtes sur les crimes commis lors de la dictature franquiste en Espagne. Suite à l’application de cette loi, le parquet espagnol a donc demandé l’ouverture d’une enquête concernant les actes de torture subis par Carles Vallejo, un ancien syndicaliste. Cette demande est conséquente à cette nouvelle législation, qui vise à faire la lumière sur les violations des droits de l’homme perpétrées pendant cette période sombre de l’histoire espagnole. Ainsi, la justice cherche à rendre justice aux victimes de ces actes de violence et à ce titre, l’enquête permettrait d’apporter des éléments de preuve et de révéler la vérité sur les tortures infligées à Carles Vallejo. Cette affaire est symbolique de la volonté du parquet espagnol de poursuivre les responsables de ces crimes et de faire enfin la lumière sur les atrocités commises pendant la dictature franquiste. Grâce à cette nouvelle loi, l’Espagne cherche à panser les plaies de son passé et à garantir une justice équitable pour toutes les victimes de cette période obscure de son histoire. Ainsi, cette enquête pourrait venir renforcer la réconciliation nationale et la reconnaissance des victimes, tout en marquant une étape importante dans le processus de démocratisation et de rétablissement de la vérité en Espagne.
« C’est un premier pas très important, c’est casser l’impunité pour la première fois. Et ça, c’est historique ! » Carles Vallejo avait 20 ans en 1970 lorsqu’il a été arrêté. La police lui reprochait d’avoir monté un syndicat clandestin dans l’usine automobile Seat. Pendant trois semaines, il est torturé dans les sous-sols du commissariat de Barcelone. On l’attache, on le frappe et on l’empêche de respirer.
Pour la première fois depuis la fin de la dictature, et grâce à la nouvelle loi de mémoire historique, le parquet espagnol réclame l’ouverture d’une enquête, 53 ans après, sur les tortures qu’il a subies.
Une loi votée en 2022 par le gouvernement Sanchez permet à la justice d’enquêter sur les crimes de la dictature franquiste (1939-1975). Le silence imposé par la loi d’amnistie, adoptée en 1977, se termine. Mais Carles Vallejo ne cherche pas à punir ses bourreaux. « C’est une question de justice réparatrice. Je veux savoir qui sont les responsables. Et en plus, notre génération qui a subi cette expérience traumatique, on a besoin de réparation psychologique. On ne l’a jamais eue. »
Mettre fin à une amnésie collective
Pour tous ceux qui continuent à réclamer un procès du franquisme, la demande du parquet est une première victoire, mais ils ont d’autres revendications. Le commissariat où a été torturé Carles Vallejo à Barcelone est toujours en activité. « Je suis venue pour revendiquer que le bâtiment de la police nationale espagnole soit livré à la population, explique Maria, qui manifeste avec d’autres militants tous les quinze jours devant le bâtiment pour réclamer sa fermeture. Qu’il devienne un espace de mémoire, de mémoire des victimes du franquisme. Ce bâtiment fait mal à beaucoup de personnes. »
Carles Vallejo espère maintenant qu’un juge accepte d’enquêter sur les tortures qu’il a subies. À travers son combat, l’ancien syndicaliste, exilé un temps à Paris, puis en Italie, veut transmettre la mémoire aux plus jeunes générations. Il s’agit selon lui de mettre fin à une amnésie collective.
« Ce n’est pas une question personnelle. Nous sommes la dernière génération vivante du franquisme et je crois que c’est aussi important pour les nouvelles générations, pour faire une pédagogie démocratique. » Carles Vallejo, syndicaliste torturé sous la dictature franquiste à 42mag.fr
Le chemin pour arriver à un procès est encore long mais cette première victoire pourrait créer en Espagne un précédent et d’autres victimes pourraient voir leur plainte examinée par la justice.