Lundi, le ministre en charge des Affaires intérieures a exprimé ses reproches concernant les prétendues connexions de Karim Benzema avec les Frères musulmans.
« Il est de notoriété publique que Monsieur Benzema a des liens avec les Frères Musulmans »
C’est par ces accusations proférées le lundi 16 octobre, sur CNews, que Gérald Darmanin a clôturé son passage télévisé à propos de Karim Benzema. Ces déclarations ont été faites à la suite des messages de soutien adressés par le footballeur aux habitants de Gaza. Cette position de Karim Benzema était passée inaperçue au début mais a fini par devenir un sujet phare de l’actualité politique en France. Me Vigier, avocat du footballeur, a démenti les accusations de Gérald Darmanin.
C’est une pensée à toutes les victimes des bombardements à Gaza, ces attaques injustes épargnent ni les femmes, ni les enfants.
– Karim Benzema (@Benzema) 15 octobre 2023
Selon des écrits fournis à France Info: sport par le ministère de l’Intérieur, l’attaquant aurait des liens avec les frères Musulmans. Cette organisation sunnite est considérée comme terroriste par sept pays bien que la France et l’Union Européenne ne partagent pas ce point de vue.
« Une communication plutôt vague »
Le cabinet de Gérald Darmanin affirme que l’attitude de Karim Benzema s’est progressivement rapprochée d’un Islam strict et rigoureux, caractéristique de l’idéologie des frères Musulmans qui consiste à diffuser les normes islamiques dans différents domaines de la société comme le sport. Parmi les raisons avancées, le refus répété de Karim Benzema de chanter l’hymne national lors des matchs de l’équipe de France. Cette critique à son égard est récurrente et a aussi été adressée à d’autres grandes figures du football français.
Le ministère de l’Intérieur reproche aussi à Karim Benzema son prosélytisme sur les réseaux sociaux autour de la pratique musulmane comme le jeûne, la prière ou le pèlerinage à la Mecque. Il mentionne aussi une photo où Karim Benzema pose avec l’Imam Nourdine Mamoune, qui avait été la cible d’une perquisition en octobre 2020 après la mort de Samuel Paty. Cette opération n’avait entraîné aucune poursuite.
Le « like » de Karim Benzema pour un post Instagram du combattant de MMA russe Khabib Nurmagomedov est également pointé du doigt par le ministère de l’Intérieur. Cette publication était en réaction à la parution de caricatures du prophète Mahomet dans la presse française et avait été perçue à l’époque comme un appel à la haine. Des sportifs tricolores comme Mamadou Sakho et Presnel Kimpembe ainsi que l’Anglais David Beckham avaient également apprécié cette publication.
Une publication Instagram partagée par Khabib Nurmagomedov (@khabib_nurmagomedov)
Sollicité pour commenter les personnes citées, l’entourage de Gérald Darmanin n’a pas formulé de commentaires supplémentaires. Un proche du ministre a toutefois admis que les prises de position de Karim Benzema n’ont pas abouti à des poursuites à sa connaissance. Néanmoins, il déplore le manque de clarté de la communication d’un sportif jouissant d’une si large audience.
Karim Benzema pense à porter plainte
L’avocat de Karim Benzema, Me Hugues Vigier, a formellement démenti auprès du Parisien tout lien entre son client et les frères musulmans. « Ce sont des allégations fausses ! Karim Benzema n’a jamais entretenu de rapport avec cette organisation. […] Nous étudions la possibilité de porter plainte contre ce ministre. […] Il n’est pas acceptable que les dirigeants pensent qu’ils peuvent tout se permettre par pur opportunisme », a-t-il précisé. Dans un communiqué, il a ajouté : « Prier pour des civils sous les bombardements qui ne font de distinction ni entre les femmes ni entre les enfants ne constitue bien sûr ni ‘une propagande pour le Hamas’, ni ‘une complicité de terrorisme’, ni des ‘actes de collaboration' ».