Craint depuis des années pour ses interrogations à la fois incisives et désarçonnantes, Jean-Pierre Elkabbach s’est éteint mardi à l’âge de 86 ans. Il a notamment laissé dans son sillage quelques dialogues mémorables avec des figures du monde politique.
Un hommage a été rendu mercredi 4 octobre par Emmanuel Macron, en souvenir de Jean-Pierre Elkabbach, célèbre figure du journalisme politique français, qui a disparu la veille à l’âge de 86 ans. L’Elysée a salué la mémoire de l’homme qu’elle considère comme l’un des meilleurs intervieweurs que la France ait connu, un journaliste particulièrement érudit dont le nom a marqué des générations de leaders politiques, selon un communiqué.
Avec une carrière s’étalant sur un demi-siècle, Jean-Pierre Elkabbach a brillamment manié l’art des questions déroutantes, particulièrement pendant les interviews mémorables diffusées sur Antenne 2 et Europe 1.
Le blâme de Marine Le Pen
L’une des phrases les plus connues d’Elkabbach a été adressée à Marine Le Pen. Le jour suivant la marche historique du 11 janvier 2015 en réponse aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, Le Pen était l’invitée d’Elkabbach. Ancienne présidente du Front national, elle s’est vue interroger sur son absence lors de la manifestation parisienne précédente. Elle avait choisi de manifester seule à Beaucaire, gardant ses distances avec l’unité nationale. L’intervieweur emblématique d’Europe 1 n’a pas hésité à la mettre sur le gril dès le début de l’interview.
Sur la plateforme X, Marine Le Pen a rendu hommage au journaliste le lendemain matin, saluant « une personnalité incontournable du journalisme ». Elle se souvient de ses interviews mordantes, de son style direct et de son indépendance de ton. Pour elle, le monde des médias perd un professionnel sérieux et exigeant.
Le « lundi matin » de Bruno Le Maire
En novembre 2016, Bruno Le Maire était alors candidat à la primaire de droite, bien avant de devenir ministre de l’Economie sous Emmanuel Macron. Ayant adopté la position du « renouvellement » lors du dernier débat de campagne diffusé sur France 2, il se heurte alors à un Elkabbach sceptique.
La « couleur du mur » d’André Vallini
Dès le début des entretiens, Jean-Pierre Elkabbach aimait mettre ses invités mal à l’aise. André Vallini s’en souvient bien. En mai 2014, sur Europe 1, Vallini était alors secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale et venu défendre son projet de loi.
La mère, femme de ménage, de Gérald Darmanin
Il arrivait aussi à Elkabbach de laisser l’interview se dérouler avant de poser la question qui dérange. En septembre 2014, c’est le député et maire UMP de Tourcoing, Gérald Darmanin qui en fut la cible. L’interview s’oriente sur son histoire familiale, particulièrement sur la profession de ses parents et notamment celle de sa mère, femme de ménage, pour une question qui a suscité l’indignation des internautes.
Le temps de lecture de Fleur Pellerin
Capable de commencer ses interviews sur les chapeaux de roues, Elkabbach avait aussi l’habitude de garder une question piège pour la fin. En mai 2015, il reçoit Fleur Pellerin sur Europe 1.
Le « cerveau » et la « petite tête » de Georges Marchais
Avant son passage à Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach s’est heurté plusieurs fois au leader du Parti communiste, Georges Marchais, durant l’émission « Cartes sur table » sur Antenne 2. En janvier 1980, ce dernier est invité à discuter la politique internationale de l’URSS, après une rencontre avec le leader soviétique Leonid Brejnev.
Le « taisez-vous » de Georges Marchais… qui n’a jamais existé
Georges Marchais a eu un autre échange notable avec Jean-Pierre Elkabbach, lors du deuxième tour des élections législatives de 1978. C’est lors de ce débat qu’une citation de Marchais est devenue célèbre : « Taisez-vous Elkabbach ». Cependant, cette phrase n’a en réalité jamais été prononcée ce soir-là. Elle a été inventée et popularisée par l’humoriste Thierry Le Luron.