Occupant le poste de directrice à la National Film Authority, l’organisme étatique ghanéen du cinéma, Juliet Yaa Asantewa Asante a convié, du 14 au 16 novembre, à Accra, des metteurs en scène et des agents de distribution à une série de discussions portant sur la trajectoire future du cinéma africain. Cet événement a été organisé dans le cadre du rassemblement cinématographique africain connu sous le nom d’Africa Cinema Summit.
Chaque fois qu’elle participe à un événement cinématographique mondial, la cinéaste ghanéenne Juliet Yaa Asantewa Asante se dit la même chose : le cinéma africain regorge d’un potentiel énorme qui n’a pas encore été totalement dévoilé. L’Afrique, qui abrite la population la plus jeune du globe selon l’ONU, ne compte que 1 700 cinémas, une goutte d’eau en comparaison des 44 000 présents aux États-Unis ou des 75 500 en Chine. Juliet Yaa Asantewa Asante a confié à l’AFP : « Il y a partout des histoires à raconter, nous disposons tant de récits à notre disposition que nous n’avons pas encore explorés ».
Ceci est vrai même après les succès récents de films africains sur les plateformes de streaming, à l’instar du thriller nigérian The Black Book sorti sur Netflix cette année. « Cela semble toujours irréel, The Black Book a été visionné par plus de Sud-Coréens que de Nigérians », avait alors commenté son réalisateur Editi Effiong sur le réseau social X (ex-Twitter).
Sur le continent africain, l’industrie cinématographique nigériane, Nollywood, produit environ 2 500 films par an, se plaçant juste après Bollywood, le mastodonte indien qui domine le cinéma mondial. « Mais même au Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, nous pouvons faire mieux », a souligné Juliet Yaa Asantewa Asante.
Susciter des tournages internationaux
Les États africains pâtissent d’une absence d’investissements structurels dans cette industrie qui génère pourtant environ 5 milliards de dollars par an. Selon un rapport 2021 de l’Unesco, « une augmentation des investissements permettrait de créer plus de 20 millions d’emplois et de générer 20 milliards de dollars de revenus par an ».
Juliet Yaa Asantewa Asante a déclaré à l’AFP : « Si les gouvernements mettent en œuvre des politiques fiscales attractives, cela encouragera le secteur privé à investir ».
Seule la moitié des pays du continent ont établi des politiques publiques en faveur du secteur audiovisuel d’après l’Unesco, et seulement 44% d’entre eux disposent d’une agence publique consacrée au secteur. Le manque de financements et d’investissements dans le cinéma est structurel en Afrique, seule une poignée de pays le reconnaissent comme une industrie génératrice d’emplois.
L’état de Lagos, le pôle économique du plus grand marché d’Afrique, poursuit la construction de studios de tournage calqués sur le modèle de Hollywood pour soutenir Nollywood.
De son côté, le Ghana a lancé une initiative nommée « Tournez au Ghana » (« Shoot in Ghana ») pour attirer les tournages internationaux. Lors d’une récente visite au Ghana, l’acteur britannique Idris Elba a annoncé que son prochain film serait en partie tourné au Ghana, d’après les médias locaux.