L’augmentation de l’utilisation de la voiture électrique n’est plus simplement une tendance, c’est maintenant une obligation impérative. Cependant, le coût prohibitif de ces véhicules innovants freine un bon nombre de conducteurs.
L’essor de l’électromobilité est-il en route ?
Le constructeur automobile Renault prévoit de lancer une nouvelle version électrique de la Twingo à un prix inférieur à 20 000 €. Ce n’est pas tout, Citroën projette également de sortir une nouvelle C3, également à moins de 25 000 €. En outre, Tesla, le meneur mondial de la voiture électrique, prépare une offre dans cette gamme de prix. Nous proposons une analyse du sociologue Jean Viard pour éclairer la situation.
franceinfo : Est-ce que des prix plus compétitifs peuvent encourager les Français à adopter la voiture électrique ?
Jean Viard : Les habitudes des automobilistes français ont déjà commencé à changer. La tendance du diesel a régressé. Je crois que nous avons vendu environ 300 000 voitures électriques l’année dernière, sur presque deux millions de véhicules neufs au total. Donc le changement est en marche, ce qui est crucial. N’oublions pas non plus que, sans la pandémie, la transition vers l’électrique n’aurait probablement pas été aussi rapide. Il faut souligner que la France est un pays où les petites voitures sont privilégiées : Renault, Peugeot et Citroën ont toujours été des leaders sur ces segments. Les constructeurs chinois, allemands ou américains ont tendance à privilégier les gros véhicules en raison des caractéristiques de leurs territoires et de leurs habitudes urbaines. Cependant, la transition vers l’électrique a été plus lente pour les petites voitures. Mais je pense que nous sommes en train de vivre un tournant majeur. Il faut néanmoins préciser que la grande majorité des gens aux revenus modestes conduisent des voitures d’occasion.
Il a donc été proposé de mettre des voitures électriques en location pour 100 € par mois pour une durée de trois ans. Est-ce une bonne initiative ?
Certainement, d’une part, parce que nous avons en France une tendance à acheter des voitures d’occasion, et d’autre part, compte tenu du rythme rapide de l’innovation, il peut être préférable de ne pas acheter les modèles électriques les plus récents. Nous gardons généralement notre voiture pendant cinq à sept ans, mais les technologies évoluent plus rapidement que ça. La petite voiture électrique est un véhicule urbain vraiment exceptionnel. Cela s’inscrit dans une démarche de réduction de l’usage de la voiture en ville et de promotion de la marche, du vélo et probablement à terme, des transports en commun gratuit.
Fallait-il une aide de l’Etat pour encourager les Français à opter pour l’électromobilité ?
Sans doute, afin de rendre ces véhicules accessibles aux familles dont les revenus se situent entre 1500 et 3000 € par mois. Il y a aussi une certaine appréhension chez les acheteurs à revenus modestes quant à la compréhension du fonctionnement de ces voitures et de leur évolution technique. Il est désormais nécessaire d’en produire en quantité suffisante pour que les prix puissent encore diminuer et que l’aide de l’Etat ne soit plus nécessaire. C’est ainsi qu’agit l’action publique : l’Etat stimule et soutient pour augmenter la production afin de réaliser une baisse des prix par l’équilibre du marché. Je suis convaincu que nous y parviendrons.