La metteuse en scène originaire du Canada nous propose une exploration touchante et drôle de l’amour, le tout dans une toile de fond qui rappelle une chronique sociale.
Peut-on aimer au-delà de sa classe sociale ?
Cette interrogation est le cœur même du troisième œuvre cinématographique de la réalisatrice canadienne Monia Chokri, intitulée Simple comme Sylvain. Présenté lors du prestigieux Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, ce film humoristique et touchant sortira en salle le 8 novembre.
Sophia (jouée par Magalie Lépine Blondeau), enseignante de philosophie, partage sa vie avec Xavier (interprété par Francis-William Rhéaume) depuis une décennie. Malgré leur complicité, leur amour semble s’être évanoui avec le temps. Ils viennent d’acquérir une maison de campagne dans les Laurentides qui nécessite des travaux. Alors que Xavier doit participer à un séminaire à Ottawa un week-end, Sophia rencontre Sylvain (Pierre-Yves Cardinal), un charpentier, dans leur nouvelle demeure. Une étincelle se produit instantanément entre eux.
Sophia, une intellectuelle urbaine hypersensible issue d’une famille aisée, tombe amoureuse de Sylvain, un rude et beau homme des campagnes aimant la chasse et la pêche. Malgré leurs univers opposés, leur amour est profond et passionné. Sylvain, considéré comme l’intellectuel de sa famille modeste, est charmé par l’esprit brillant de Sophia. De son côté, cette dernière goûte aux plaisirs de la vie sauvage des Laurentides dans les bras de son nouvel amour. Leur liaison se consolide et ils décident de se présenter à leurs proches.
Rien de si simple
Simple comme Sylvain ? Ce n’est pas si évident. La question soulevée par ce film est de savoir si une relation peut prospérer malgré des différences socio-économiques marquées. Monia Chokri traite cette problématique avec une bonne dose d’ironie et de dérision. Elle peint le portrait de deux mondes antagonistes à travers les dialogues, les costumes et les décors. Chez Sylvain, a fan de Sardou, leur environnement est inévitablement confronté à la brièveté et à la prétention du monde intellectuel de Sophia.
Mais au-delà de ces rivalités, le film questionne la notion même d’amour. De Platon à Jankelevitch, via Hannah Arendt, ce passionnant sujet est exploré théoriquement et philosophiquement lors des cours donnés par Sophia à l’université du troisième âge, offrant ainsi un contrepoint au vécu des deux principaux protagonistes. De plus, le film évoque divers formes d’amour à travers des personnages secondaires.
« Enrichir sa pensée »
Le dialogue joue un rôle essentiel dans ce film typiquement québécois. Les échanges, souvent animés, constituent la colonne vertébrale du film. Monia Chokri questionne subtilement l’usage de la langue et son impact sur la capacité de comprendre l’autre. Sophia corrige constamment Sylvain sur ses erreurs de langage pour lui permettre, comme elle le dit, d’élargir sa pensée.
Si la mise en scène est bien pensée, le film semble parfois tourner en rond, comme la relation amoureuse des deux protagonistes qui finit par s’étioler. Mais malgré ce bémol, la dernière œuvre de Monia Chokri, après le succès de La Femme de mon frère et Babysitter, nous convie à une réflexion profonde sur l’amour, la féminité, la masculinité et le désir dans une ambiance joviale.
Informations du film
Genre : Comédie romantique
Réalisatrice : Monia Chokri
Acteurs principaux : Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume
Pays d’origine : Canada
Durée : 1h 50min
Date de sortie : 8 novembre 2023
Distributeur : Memento Distribution
Synopsis : Sophia, professeure de philosophie vivant à Montréal, est en couple avec Xavier depuis une décennie. Sylvain est charpentier dans les Laurentides, où le couple vient d’acheter une maison qu’il doit rénover. Lors de leur première rencontre, Sophia tombe amoureuse de Sylvain. Si les contraires s’attirent, est-ce que leur amour peut survivre à leurs différences socioéconomiques ?