On assiste à une véritable tempête politique aux Pays-Bas, où le parti de l’extrême droite a pris le dessus à la suite des élections législatives anticipées qui ont eu lieu mercredi. Le parti de Geert Wilders, connu pour son opposition à l’immigration et à l’Europe, s’est vu attribuer environ 35 sièges sur les 150 disponibles au parlement.
Parfois comparé à Donald Trump à cause de sa chevelure exubérante et de ses discours populistes, Geert Wilders a connu une ascension significative lors de sa sixième élection. En effet, jamais les sondages ne lui avaient été aussi favorables. Son parti, le Parti pour la Liberté (PVV), règne maintenant incontestablement sur un parlement traditionnellement fragmenté. Deux personnalités politiques, Marine Le Pen de France et Viktor Orban de Hongrie, ont félicité Wilders le mercredi 23 novembre, saluant l’arrivée d’un « nouvel élan ».
L’inquiétude des associations musulmanes
Dans son programme, Wilders prévoit de nombreuses mesures contre l’immigration. Plus particulièrement, le PVV souhaite réinstaurer les contrôles frontaliers et révoquer le titre de séjour des Syriens, sous prétexte que certaines parties de leur pays sont désormais sécurisées. Bien que Wilders ait récemment adouci son discours sur l’islam, les leaders musulmans ont exprimé mercredi une grande détresse et craignent de devenir des « citoyens de deuxième classe ». Le parti nationaliste veut donner la priorité aux citoyens néerlandais dans tous les secteurs : travail, logement, santé… Il souhaite que les Pays-Bas reprennent le pouvoir et envisage de retirer le drapeau européen des édifices gouvernementaux, promettant un référendum sur une possible sortie des Pays-Bas de l’UE (le Nexit). En ce qui concerne le changement climatique, la position du parti est claire : cesser d’en avoir peur. Selon eux, il n’y a aucune raison de fermer les centrales à gaz et au charbon.
Cependant, Wilders ne sera pas nécessairement Premier ministre. Pour former un gouvernement, il devra parvenir à un consensus avec les partis de droite et de centre-droit. Plusieurs formations ont déjà annoncé qu’elles ne le soutiendront pas. Toutefois, avec un total de 26 partis, rien n’interdit la création d’une grande coalition à la manière allemande sur un large éventail politique. La recherche d’un accord pourrait s’avérer longue, comme en 2021 lorsque cela avait pris huit mois.
Un signal inquiétant pour l’Europe
Les succès du PVV aux Pays-Bas, un pays longtemps considéré comme un élève modèle de l’UE, pourraient entraver certaines initiatives communes, en particulier en matière d’immigration. La montée de l’extrême droite à travers l’Europe, qui se renforce et détient désormais le pouvoir dans six des 27 pays de l’UE, est un mauvais présage pour les élections de juin 2024.