Il s’agit d’une ancienne idée, celle de la batterie au sodium : cette dernière offre des bénéfices en matière de capacité énergétique, de rapidité de réapprovisionnement en énergie, de coût ainsi qu’en termes d’impact environnemental.
Jadis visionnée par Jules Vernes comme la technologie du futur mais rapidement dépassée par l’omniprésente batterie au lithium, notamment dans le secteur automobile, la batterie au sodium a des avantages considérables en termes de puissance, de vitesse de recharge, de coût et d’impact environnemental. Décrit par Hervé Poirier, le rédacteur en chef du magazine en ligne Epsiloon.
Franceinfo : Pouvez-vous nous donner plus d’informations sur la renaissance de cet ancien concept qu’est la batterie au sodium ?
Réponse d’Hervé Poirier : Dans le roman de Jules Verne, 20.000 lieues sous les mers, les piles au sodium étaient la source d’énergie du Nautilus. Comme l’indique le capitaine Némo, le sodium se trouve en abondance dans le sel de mer. Cependant, il a longtemps prévalu des batteries au plomb.
Mais c’est dans les années 1980 que le sodium a réapparu comme une source d’énergie potentielle pour les véhicules électriques du futur. Cependant, c’est son cousin léger aux propriétés chimiques similaires, le lithium, qui lui a rapidement ravi la vedette.
La raison de ce succès est simple: le lithium peut stocker deux fois plus d’énergie par unité de masse ou de volume. Il est ainsi devenu l’élément essentiel des batteries des véhicules électriques, des téléphones et des ordinateurs portables. Aujourd’hui, la demande de lithium est telle que des gigafactory se multiplient partout dans le globe, et l’Union européenne prévoit une augmentation de ses besoins en lithium de 18 fois d’ici 2030.
Le sodium est-il en train de revenir en force ?
Le sodium est beaucoup plus abondant sur Terre que le lithium, et on le trouve également en grande quantité dans l’océan. Il est plus facile à obtenir, plus économique et plus respectueux de l’environnement. Malgré une densité d’énergie inférieure à celle du lithium, une batterie au sodium a une puissance supérieure, se recharge plus rapidement, dure plus longtemps et présente des risques d’explosion plus faibles. De plus, il est assez simple de convertir les outils de production actuellement utilisés pour le lithium. Par conséquent, au moment où le monde se précipite sur le lithium, le sodium refait surface comme une alternative viable.
Récemment, Tiamat, un produit issu de la recherche au CEA et au CNRS, a sorti en collaboration avec une enseigne de bricolage un premier appareil grand public fonctionnant grâce à cette technologie: une visseuse sans fil. Ils prévoient à terme la construction d’une mégafactory près d’Amiens. De plus, d’autres startups voire même le géant chinois CATL, leader mondial des batteries, s’intéressent au sodium.
À quoi servira cette technologie ?
En ce qui concerne les véhicules, cela pourrait très bien s’orienter vers des marchés de niche tels que la location à très courte durée, ou comme alternative aux batteries au lithium. Un prototype de véhicule électrique fonctionnant au sodium, capable de se recharger en 5 à 10 minutes, a été présenté en Chine cette année mais les possibilités sont vastes.
Pourtant, l’application majeure de cette technologie pourrait être dans le domaine des grosses batteries pour le stockage de l’énergie, par exemple à proximité de parcs éoliens ou solaires. Quant à l’application pour des sous-marins, bien que cela ferait certainement plaisir au capitaine Nemo, elle n’est pas encore à l’ordre du jour…