Un homme innocent vient d’être libéré aux États-Unis après avoir passé 48 ans derrière les barreaux, mettant en lumière les failles du système de justice pénale. Pendant ce temps, à l’université d’Iéna, en Allemagne, une étude est en cours pour explorer l’utilisation de la réalité virtuelle dans le cadre de la recherche sur les capacités de mémoire des témoins. Cette initiative vise à améliorer la fiabilité des témoignages et à garantir des verdicts justes et équitables.
La capacité de se souvenir des visages ou de certains événements varie d’une personne à l’autre. Cette mémoire incertaine est souvent sollicitée pour obtenir des témoignages clés dans une affaire, malgré sa fiabilité variable. L’histoire incroyable d’un homme innocenté aux États-Unis après avoir passé 48 ans en prison en est un exemple frappant. Son jugement reposait principalement sur le témoignage d’une adolescente qui l’avait reconnu lors d’une séance d’identification. Cet exemple met en lumière la nécessité de trouver des moyens de jauger la crédibilité des témoignages, notamment grâce à la technologie, en évaluant la capacité des témoins à mémoriser les visages.
Reproduire les conditions du réel
Des chercheurs de l’Université d’Iéna en Allemagne travaillent actuellement sur une technique pour évaluer la fiabilité des témoignages en utilisant la réalité virtuelle. Concrètement, cette méthode consiste à faire visionner à la personne des scènes de la vie quotidienne, intégrant des délits mineurs, dans un casque de réalité virtuelle en 3D pour une immersion totale. Une fois le visionnage terminé, la personne est soumise à plusieurs exercices visant à décrire une scène précise ou un agresseur en particulier, puis à tenter de le reconnaître dans une série de photos. L’analyse des résultats de ces exercices permet d’évaluer la crédibilité du témoin. Cette approche est encore à un stade de recherche et doit être affinée, notamment en tenant compte de l’impact du stress sur le témoignage, en particulier lorsque la personne est victime.
Un outil à manier avec précaution
Bien que cette méthode soit prometteuse, elle n’est pas encore utilisée dans les audiences ou les enquêtes, et demeure pour l’instant à des fins de recherche. En effet, la réalité virtuelle, malgré son immersion, peut également perturber et déconcentrer. Il s’agit donc d’un outil qui devra être manié avec précaution pour garantir des résultats fiables. Néanmoins, ces travaux suscitent un intérêt particulier de la part des associations luttant contre les erreurs judiciaires, à l’instar du Projet Innocence aux États-Unis. En effet, selon cette organisation, un témoignage incorrect était présent dans 64% des affaires où des personnes condamnées à tort ont pu être libérées. Ces chiffres soulignent l’importance de poursuivre la recherche dans ce domaine pour garantir des jugements justes.