Plusieurs responsables gouvernementaux, y compris Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, sont d’avis que le projet de loi sur l’immigration aurait quand même été approuvé, même en l’absence de soutien du Rassemblement national. Est-ce bien la vérité, ou juste une conjecture erronée ?
Le mardi 19 décembre, une réforme de la loi sur l’immigration a été adoptée par 349 représentants politiques, grâce au soutien d’une grande frange de la majorité politique, du parti Les Républicains (LR) et du Rassemblement National (RN). Face à ces voix, 186 députés ont exprimé leur opposition, notamment une minorité de la majorité politique et le partido Nupes. Le revirement du vote des 88 membres du RN aurait pu générer deux résultats différents. Supposons qu’ils se sont abstenus au lieu de voter : le verdict aurait été de 261 voix en faveur, contre 186 opposées. « Ce scénario est celui envisagé par le gouvernement, faisant écho à la jurisprudence de Pierre Mendès France. En 1954, lors de son investiture, il avait refusé les voix du Parti Communiste« , explique Luc Brisson, journaliste, durant l’émission d’information du soir à 19h20.
Dans le cas où les membres du RN auraient exprimé leur opposition à la réforme de la loi sur l’immigration, l’issue du vote aurait été de 261 voix en faveur et 274 voix contre. « À ce stade, la loi ne serait pas passée. Ici, l’argument du gouvernement ne tiendrait pas la route« . Pour clarifier, le journaliste précise : « si les députés du RN s’étaient abstenus, la loi aurait été adoptée, mais si ceux-ci s’étaient prononcés contre, elle n’aurait pas passé le cap« .
Un autre dénouement envisageable
Un autre raisonnement pourrait étayer les dires du gouvernement, bien que cela semble être « un peu capillotracté« , selon le journaliste. « Si l’on écoute Olivier Véran et Elisabeth Borne, on pourrait imaginer que certains députés de la majorité auraient consenti à soutenir le texte si le RN n’avait pas approuvé cette réforme de l’immigration. Si tous les votes de la majorité politique avaient été au rendez-vous, la loi serait passée, peu importe le choix du RN. Mais nous sommes en train de faire de la politique de l’imaginaire », conclut le journaliste.