« Le Plongeur », premier long-métrage du réalisateur québécois Francis Leclerc à être diffusé en France, raconte l’histoire d’un jeune homme de Montréal qui souffre d’une addiction aux jeux d’argent.
Avec « Le Plongeur », son cinquième long métrage, Francis Leclerc donne une nouvelle fois le meilleur de lui-même. Dévoilé aux spectateurs dès le 3 janvier, le film nous offre une belle combinaison qui rappelle le réalisme de Claude Sautet, le côté romanesque de François Truffaut et la modernité de Cédric Klapisch, le tout agrémenté d’une originalité qui lui est propre à Francis Leclerc.
Vagabondages dans l’âme de la ville
Âgé de 19 ans, Stéphane est un jeune homme qui aspire à une carrière dans le domaine de la bande dessinée et de l’illustration. Épris de jeux de hasard, il s’adonne quotidiennement à ceux-ci pour y dépenser tout son argent. Cédant à son addiction au lieu d’assister à son cursus scolaire, Stéphane s’est reconverti en plongeur dans un établissement gastronomique pour régler ses dettes. Vivant en marge de la société, il fait la connaissance de Bonnie à qui il assure qu’il arrêtera de miser son argent.
La caméra de Francis Leclerc suit de près son personnage principal dans la ville. Henri Picard, qui incarne Stéphane, parcourt sans but les rues de la ville, passant d’un bar à un autre, jouant à chaque occasion, allant au lycée comme simple visiteur. Le film « Le Plongeur » dévoile le quotidien des rues, des transports en commun et des bars d’une manière inédite et intéressante. Les cinéphiles y trouveront des échos de « Taxi Driver » de Scorsese et de « L’Ultime Razzia » de Kubrick. On y retrouve la cuisine du restaurant comme l’un des principaux lieux de l’intrigue, un endroit bruyant et effervescent qui est le reflet de la vie moderne telle que captée par Francis Leclerc.
Dissociation mentale
Le Plongeur est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Stéphane Larue, couronné par le prix des libraires du Québec et le prix Senghor en 2017. Le traitement de Francis Leclerc est fidèle aux ambitions du livre et semble beaucoup plus personnel, comme s’il s’agissait d’un premier film, même si ce n’est pas le cas. Cela traduit le thème du roman, soit la quête de maturité du protagoniste.
À travers sa mise en scène précise et évocatrice, notamment par le biais de ses choix de cadrages et ses lumières aux accents urbains, Francis Leclerc explore l’intimité du personnage de Stéphane. Le film, qui traite de l’addiction sous toutes ses formes, met en lumière que, tout comme l’alcool et les drogues, le jeu est une forme de mensonge qui ronge son hôte de l’intérieur, conduisant progressivement ce dernier à une scission psychique. Malgré une durée légèrement excessive, « Le Plongeur » est un film d’une grande finesse qui vaut la peine d’être découvert.
Fiche du film
Classification : Drame
Réalisation : Francis Leclerc
Interprétation : Henri Picard, Charles-Aubey Houde, Joan Hart
Nationalité : Canada
Durée : 2h07
Date de sortie : 3 janvier 2024
Distributeur : Wayna Pitch