L’ancienne ministre de la Justice et actuelle maire Les Républicains du 7e arrondissement de Paris vient de prendre le poste de ministre de la Culture, succédant à Rima Abdul Malak. Cette décision inattendue a provoqué une vague de réponses sur la scène politique.
Rachida Dati, qui est actuellement maire LR dans le 7ème arrondissement de Paris et fut ex-ministre de la Justice sous le mandat de Nicolas Sarkozy, intègre l’équipe gouvernementale de Gabriel Attal. Sa désignation en tant que ministre de la Culture ce jeudi 11 janvier a suscité l’étonnement et a provoqué de nombreux commentaires au sein de la sphère politique.
Divergence de ressentis au sein des LR suite à sa nomination
Le parti Les Républicains, à savoir le parti politique de Rachida Dati, demeure divisé face à sa nomination. Eric Ciotti a déclaré l’exclusion de Rachida Dati du parti dans la foulée de sa désignation. Dans une note de presse, le leader des Républicains s’exprime en disant qu’« étant en opposition, nous nous devons d’assumer son choix avec regret ». En revanche, Alexandre Vincendet, député du Rhône, a félicité sur 42mag.fr son entrée au gouvernement en la considérant comme « une excellente nouvelle » ainsi qu’« une personnalité de grande qualité. »
L’extrême droite officialise le rapprochement entre Les Républicains et Renaissance
Laure Lavalette, porte-parole du Rassemblement national à l’Assemblée nationale, a noté avec ironie que « Rachida Dati, hier critique de Macron, le rejoint aujourd’hui ». Elle compare l’évènement à un « jeu de la chaise musicale où les ministres retrouvent leurs places ». Selon cette députée du Var, le Premier ministre Gabriel Attal « met en place un remaniement sans modification », alors que « tandis que la facture d’électricité des Français continue d’augmenter ».
Éric Zemmour, président du parti Reconquête ! va plus loin en affirmant que ces républicains sont « tout simplement des traîtres ». Il a également partagé un message sur les réseaux sociaux avec une capture d’écran de Rachida Dati, lors de son passage sur France Inter le 21 juin 2021, où elle déclarait : « La République en Marche c’est quoi ? Un parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite, qui n’est rien sans Emmanuel Macron. Cette intervention avait eu lieu suite aux élections régionales. Selon Marion Maréchal, qui est candidate du parti Reconquête ! aux élections européennes, « la fusion des LR avec le macronisme est désormais complète ».
La gauche met en avant son inculpation
La gauche rétorque quasi unanimement que Rachida Dati, ex-ministre de la Justice, est en cours de jugement pour « corruption passive », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de pouvoir » depuis 2021, suite à l’enquête sur ses fonctions de conseillère auprès de l’ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, réagit sur les réseaux sociaux en soulignant que « la trahison et l’inculpation pour corruption sont des critères qui semblent indispensables pour intégrer ce gouvernement qui met en avant un modèle de République ».
Sandrine Rousseau, députée écologiste, affirme quant à elle que « tout va vers la droite ». Le sénateur communiste Ian Brossat fait aussi remarquer le paradoxe de cette nomination en rappelant que Rachida Dati avait critiqué « ces élus de droite qui allaient en Macronie pour trahir leurs convictions, leur manque de courage. Qui aurait cru alors que c’était un autoportrait ? », se demande-t-il en ajoutant qu’« elle a beaucoup de qualités, mais elle manque de courage ».
L’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaite « bon courage aux membres de la scène culturelle vue les défis qu’ils vont devoir affronter ». Pour rappel, Rachida Dati était jusqu’à présent à la tête de l’opposition de droite à la mairie de Paris.
Son prédécesseur Frédéric Mitterrand salue sa « vitalité peu ordinaire »
Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture sous Nicolas Sarkozy, déclare que « c’est une bonne idée car le ministère de la Culture a besoin de réformes profondes ». « Avec Rachida Dati, il y aura du nouveau », espère-t-il. Il ajoute aussi que « du fait de la nécessité d’une attention constante du ministère de la Culture, avec Rachida Dati, il y a une vitalité peu ordinaire. Elle a vraiment la force, la capacité à défendre une culture plus populaire, moins élitiste, moins germanopratine. Je pense qu’elle saura se faire entendre par Gabriel Attal et le président de la République, car on ne marche pas sur Rachida Dati.’
Les ONG s’indignent
L’association altermondialiste Attac, sur les réseaux sociaux, se moque de la reconduction de Rachida Dati en tant que ministre. « Comme elle est déjà inculpée pour ‘corruption’ et ‘trafic d’influence’, Rachida Dati n’aura pas de mal à s’intégrer à ce gouvernement. Il semblerait que c’est un prérequis pour être ministre de Macron », déplore l’association. Pour Anticor, association de lutte contre la corruption, le bilan est amer : « Le gouvernement continue de rompre la promesse d’exemplarité faite en 2017 par le président aux électeurs ».