L’Office Français de la Biodiversité (OFB) traverse une période de crise depuis l’initiation du mouvement de protestation par les fermiers.
Vendredi 2 février, les bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont à nouveau été la cible d’une manifestation. Du fumier a été déversé et des barricades de paille ont été érigées devant une succursale de l’OFB à Mende en Lozère par une quarantaine d’agriculteurs de la Coordination rurale. Une semaine auparavant, le samedi 27 janvier, c’était le siège de l’OFB à Carcassonne, dans l’Aude, qui avait subi de tels actes de protestation. Les employés de l’OFB, responsables de l’application du code de l’Environnement, se sentent démunis face aux allégations de contrôles abusifs et se plaignent d’un « abandon par le gouvernement ».
Les locaux de l’OFB ont été victimes de dégradations importantes, notamment des arrosages de lisier et des incendies, et des agents de l’OFB se sont sentis menacés. Circonstance aggravante, le Premier ministre aurait soutenu les revendications de la FNSEA. Gabriel Attal a annoncé le 26 janvier que « désormais, l’OFB sera sous la tutelle du préfet » en réponse aux agriculteurs. Il s’interroge aussi sur la nécessité d’être armé pour contrôler un simple haie.
Guillaume Rulin, coordinateur syndical EFA-CGC, trouve cette situation impossible à accepter : « Cette semaine a été très difficile. Nous avons été perçus comme les responsables des problèmes du monde agricole. Il est clair que la plupart des agents ont montré un soutien au monde agricole et il a été très difficile d’être ainsi décriés par notre propre administration. »
Les 3 000 agents de l’OFB sont en charge de différentes missions au quotidien : régulation de la chasse et de la pêche, lutte contre le braconnage, gestion des ressources en eau et développement de projets environnementaux, sans oublier les contrôles dans les exploitations agricoles. En 2023, 2 700 contrôles ont été effectués, une quantité que Guillaume Rulin juge limitée : « Nous avons 400 000 exploitations, nous en avons contrôlé à peine 0,75%. Seulement 86 ont reçu un rapport de manquement. Donc, nous avons été surpris quand on nous a accusés de harcèlement et de pression sur le monde agricole. »
L’avenir de l’OFB mis en doute
Aujourd’hui, ces contrôles sont suspendus et les agents sont préoccupés. Selon Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du syndicat national de l’environnement, c’est l’existence même de l’OFB qui est en jeu : « Il y a un danger, oui, un danger physique pour nos agents. Ils sont aujourd’hui dans l’incertitude sur ce qu’on attend d’eux. Ils sont très engagés, très concernés par la dégradation de la biodiversité et de l’environnement en général. Et aujourd’hui, on nous demande de laisser tomber, d’ignorer les infractions. »
Selon elle, le soutien exprimé jeudi par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, n’est pas suffisant. Une nouvelle réunion avec les agents de l’OFB est prévue pour la semaine prochaine dans le but de les rassurer.