L’engouement pour le CPF a été tel qu’il est désormais confronté à des défis. Dans une volonté d’économiser, le gouvernement a déclaré, lundi, qu’il allait mettre en œuvre une « contribution fixe » que devront payer les employés désireux d’employer leur compte personnel de formation.
Participation financière à la formation professionnelle : une nouvelle mesure gouvernementale
Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics, a révélé le lundi 19 février que les fonctionnaires seraient désormais tenus de contribuer au coût de leur formation professionnelle. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du programme d’économies supplémentaires de 10 milliards d’euros prévues pour cette année par le gouvernement. Ainsi, lorsqu’ils utiliseront leur compte professionnel de formation (CPF), un pourcentage du cout de la formation leur sera facturé. Avant cette annonce, le coût intégral des formations CPF pouvait être couvert par le gouvernement. Le montant exact de la participation financière des fonctionnaires reste à déterminer, mais il pourrait s’élever à environ 10 % du coût total de la formation. Néanmoins, les personnes sans emploi ne seront pas concernées par cette mesure et resteront exemptées de toute participation financière.
Le CPF est un outil largement utilisé : pas moins de 1,25 million de fonctionnaires y ont eu recours l’année passée. Il permet entre autres de suivre des cours de langues étrangères, d’acquérir de nouvelles compétences techniques et informatiques, de passer une certification ou même le permis de conduire, une des utilisations les plus courantes du CPF. En outre, depuis le début de l’année 2024, le CPF permet également de financer le permis moto, une mesure qui soulève des controverses. Les employeurs critiquent notamment les formations n’ayant aucun lien avec le monde du travail et semblant être suivies uniquement par intérêt personnel. D’après la Dares, près de 17% des dossiers approuvés par le CPF ne visent pas à développer des compétences professionnelles.
Face à cette situation, et pour trouver de nouvelles sources de financement, le ministère de l’Économie a plaidé pendant des mois pour l’introduction d’une participation financière des fonctionnaires à leur formation CPF. Cette mesure, désormais approuvée, devrait permettre au gouvernement d’économiser 200 millions d’euros sur le budget annuel de 2 milliards d’euros consacré au CPF.
Opposition des syndicats à la mesure
La démarche du gouvernement a déjà été marquée par des économies sur le CPF, un fait régulièrement rappelé par les syndicats CFDT et CGT, qui contestent vigoureusement cette nouvelle mesure. Ils rappellent notamment qu’en luttant contre les abus et les fraudes liés au CPF, plus d’un milliard d’euros a déjà été économisé l’année dernière. À leurs yeux, l’introduction de cette participation financière revient à rompre la promesse initiale du CPF. L’outil, créé du temps de Muriel Pénicaud, alors ministre du Travail, devait être simple d’utilisation et encourager les fonctionnaires à accéder à la formation. Il était spécifiquement destiné à favoriser la formation des fonctionnaires les moins qualifiés et les plus modestes, tels que les ouvriers et les travailleurs précaires. Selon les syndicats, cette participation financière pourrait entraver l’accès à la formation, créant de fait une inégalité entre ceux qui ont les moyens de se former et ceux qui n’en ont pas. Si Bercy compte mettre en place cette mesure dès le printemps, le ministère du Travail prévoit de son coté de consulter les partenaires sociaux au préalable.