Suite à la manifestation du 1er février, les professeurs descendent de nouveau dans la rue. Ils revendiquent en particulier des conditions de travail plus favorables et des salaires plus élevés, tout en se positionnant contre l’instauration de groupes de niveau envisagée au collège.
Une nouvelle journée de mobilisation a eu lieu parmi les enseignants, mardi 6 février. Après une première action collective le jeudi précédent, ils ont de nouveau manifesté dans les rues, suite à l’appel du Snes-FSU, le syndicat le plus important du second degré, et de la CGT. Leurs exigences n’ont pas changé : augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail, réduction du nombre d’élèves par classe et augmentation des recrutements. Le point d’exaspération concerne les groupes de niveau, compris dans le « choc de savoirs », annoncés par Gabriel Attal lorsqu’il était Ministre de l’Éducation.
Dès la rentrée scolaire, tous les collégiens devront être regroupés en trois niveaux différents en 6e et en 5e pour les matières de français et mathématiques. Gabrielle Bonicel, enseignante de lettres dans un collège situé à Roubaix, au nord de la France et affiliée au Snes-FSU, participe à la grève du mardi, affirmant que ces groupes de niveau différés sont « une véritable prise de tête ».
« Génial, je suis dans le groupe des perdants! »
Dans son collège, qui a été classé REP+, sept groupes vont devoir être créés. « Sans ressources supplémentaires, comment suppose-t-on que nous allons y arriver? se demande l’enseignante. Assurément, si nous avons six classes mais que sept groupes devront être formés, cela sous-entend des salles de classe supplémentaires alors que nous manquons déjà d’espaces disponibles. »
« Il faudra nécessairement recruter plus d’enseignants alors que nous avons déjà des postes vacants et il y a des établissements où le personnel n’est pas remplacé. »
Gabrielle Bonicel, enseignante de collège et membre du Snes-FSUà 42mag.fr
Le tri des élèves se fera sur la base de leurs évaluations de CM2. Pour Gabrielle Bonicel, ce système de labellisation des élèves est contre-productif: « Le cadre d’apprentissage idéal pour eux est celui où ils ne sont pas stigmatisés et où ils n’ont pas à penser : ‘Génial, je suis dans le groupe des perdants!’ Ces cours vont accentuer leur rivalité, ce qui n’est pas l’idéal. Cela ne fonctionne pas, c’est extrêmement dévalorisant. »
À la place de ces groupes distincts par niveau, les syndicats réclament des classes à effectifs plus petits pour soutenir les élèves en difficulté, et une augmentation des recrutements d’enseignants, avec à la clé, une meilleure rémunération. Les propositions détaillées du « choc des savoirs » seront exposées jeudi lors du Conseil supérieur de l’éducation. Les syndicats exigent également un ministère autonome, l’Education nationale étant pour l’heure groupée avec les Sports, la Jeunesse et les Jeux Olympiques, sous la direction d’Amélie Oudéa-Castér. Suite à ses propos sur l’école publique alors qu’elle scolarise ses propres enfants dans le privé, la ministre a été critiquée par la communauté enseignante. Mardi 6 février, elle doit répondre aux interrogations des députés de la commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale sur son action, à partir de 16h30.