En répondant favorablement aux demandes des agriculteurs, le gouvernement s’expose au danger de s’aliéner les groupes écologistes.
Mardi 13 février, Gabriel Attal, Premier ministre, accueille à nouveau les syndicats agricoles dans l’après-midi. Le message d’urgence transmis par Arnaud Rousseau, le chef de la FNSEA, sur France Info le lundi matin n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le chef du gouvernement convie à nouveau le chef de la FNSEA, ainsi qu’Arnaud Gaillot, le leader des Jeunes agriculteurs. Moins de deux semaines après avoir mis fin à leurs blocus, les agriculteurs envisagent une nouvelle mobilisation. Ils estiment que le gouvernement a fait preuve de lenteur pour mettre en oeuvre ses promesses. En outre, l’approche du salon de l’Agriculture, qui ouvre ses portes dans dix jours, incite les syndicats agricoles à faire pression.
Les agriculteurs, qui ont le pouvoir de déterminer le timing, menacent clairement de perturber la visite d’Emmanuel Macron s’ils ne sont pas satisfaits. Le président recevra d’ailleurs aussi toutes les organisations agricoles à partir de mercredi, « comme chaque année » avant le Salon, comme l’a précisé l’Élysée.
Mécontentement des groupes écologiques
L’Exécutif prend un risque en organisant ces rencontres puisqu’il risque de contrarier les défenseurs de l’environnement. La journée de lundi témoigne justement de cette position inconfortable où il est pris en étau. Alors que Gabriel Attal s’apprêtait à recevoir les représentants des agriculteurs, huit organisations écologistes ont quitté la réunion du comité de suivi du plan Ecophyto au ministère de l’Environnement. Ils refusent d’accepter la suspension de ce plan visant à diminuer de 50% l’usage des pesticides d’ici 2030 et que le gouvernement modifie l’indicateur mesurant la quantité des pesticides, mais pas leur dangerosité. En conséquence, le dialogue est interrompu avec les associations environnementales et reprend avec les exploitants agricoles.
Le gouvernement semble prendre parti, aux yeux de l’opinion publique. Même si, bien sûr, l’exécutif défend son bilan en matière d’environnement, notamment avec le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, il veut surtout manifester son soutien aux agriculteurs. D’une part, parce que leur cause est très soutenue par le public. D’autre part, car selon les sondages, c’est l’extrême droite qui est en tête des intentions de vote pour les élections européennes, en France et en Europe, pas les écologistes qui montrent un net recul. Ceci n’est pas un choix sans conséquence. En donnant trop facilement aux demandes des agriculteurs, le gouvernement pourrait donner l’impression à d’autres secteurs qu’ils pourraient bénéficier du même traitement en se mobilisant.