Dans le dossier concernant les présumés emplois fictifs du Modem, François Bayrou a été déclaré non coupable ce lundi. Il s’agit du troisième allié du Président, après Éric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, à être innocenté. Ceci ouvre-t-il la voie à une influence renouvelée dans le reste du mandat présidentiel ?
Le lundi 5 Février, François Bayrou a bénéficié d’un jugement de relaxe en raison d’un manque de preuves concrètes. En effet, les magistrats ne sont pas parvenus à établir que ce dernier était pleinement informé de la situation concernant certains de ses assistants parlementaires qui travaillaient actuellement au sein de son parti au Parlement européen. En conséquence, l’homme à la tête du MoDem est disculpé. Ce verdict signifie pour lui la conclusion d’une tragédie politique et personnelle qui a duré sept ans.
Dès l’annonce de l’ouverture de l’enquête judiciaire en 2017, il avait pris la décision de démissionner, quelques semaines seulement après sa nomination en tant que garde des Sceaux. Deux autres ministres du MoDem, Sylvie Goulard et surtout Marielle de Sarnez, sa collaboratrice de confiance, étaient également concernés par cette affaire. Cependant, cette dernière est décédée trois ans plus tôt et n’a donc jamais eu à comparaître devant la justice. C’est pour cette raison que François Bayrou a déclaré lundi soir « certains sont décédés » suite à ces accusations.
Quels objectifs politiques pour lui et pour son parti ?
Ses aspirations politiques sont désormais de réinvestir l’échiquier politique et d’influer de nouveau sur la majorité actuelle. Dès les prochains jours, lorsque les nominations des ministres manquants seront annoncées. Jusqu’à présent, il a exprimé son mécontentement quant à la nomination de Gabriel Attal et la composition actuelle du gouvernement, qu’il juge trop à droite et par-dessus tout trop sarkozyste à son goût.
François Bayrou a réclamé à Emmanuel Macron trois postes pour le MoDem parmi la quinzaine de ministres délégués et de secrétaires d’État qui devraient prochainement compléter le gouvernement. Certains au sein de la majorité envisagent même son retour au ministère de l’Éducation nationale, pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra. Après les récentes relaxes de Éric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, Emmanuel Macron pourrait être tenté de lui redonner sa chance.
Disposé à s’investir à nouveau, François Bayrou a tout de même rappelé lundi soir, sur France 2, qu’il avait déjà été à ce poste il y a… 31 ans. Il envisage peut-être d’autres opportunités pour l’avenir. À 72 ans, tout comme Jean-Luc Mélenchon, il n’exclut pas l’idée de se présenter pour une quatrième fois à l’élection présidentielle en 2027, tout comme Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen espère une issue similaire
Au sujet de l’affaire des assistants parlementaires, la relaxe de François Bayrou pourrait-elle établir un précédent ? C’est ce qu’espère Marine Le Pen. Elle devra se présenter devant la justice à l’automne, tout comme une vingtaine d’autres dirigeants du RN, pour « détournement de fonds publics ».
Il est également question ici d’une affaire de faux assistants parlementaires au Parlement européen. Cependant, les accusations et les préjudices sont beaucoup plus graves, le RN étant accusé d’avoir détourné 30 fois plus d’argent que le MoDem, soit 6,8 millions d’euros, entre 2010 et 2017. Avec de telles sommes en jeu, Marine Le Pen aura sans doute du mal à persuader la cour qu’il ne s’agissait pas d’un système de financement délibérément organisé et qu’elle n’était pas au courant de la situation. D’autant plus qu’à l’époque des faits, contrairement à François Bayrou, elle était eurodéputée.