Valérie Hayer, leader de la liste Renaissance lors des élections européennes, a fait un parallèle entre Édouard Daladier et Neville Chamberlain, d’une part, et Marine Le Pen et Viktor Orbàn, d’autre part. Elle a voulu mettre en évidence la complicité existant entre le Rassemblement National et la Russie. La question qui se pose est de savoir si cette comparaison est adéquate ?
Au cœur de la campagne pour les élections européennes, le 9 mars 2024, Valérie Hayer, leader de la liste Renaissance, a établi un parallèle entre la situation actuelle en Ukraine et les événements de Munich en 1938. Elle cite « Hier, Daladier et Chamberlain, aujourd’hui Le Pen et Orban. Les mêmes mots, les mêmes arguments, les mêmes débats. Nous sommes à Munich en 1938». Dans cette déclaration, elle assimile Marine Le Pen à Édouard Daladier, qui présidait le Conseil français en 1938. Cette comparaison a fait grincer quelques dents.
Un petit retour dans l’histoire est nécessaire pour comprendre ce parallèle. Édouard Daladier est une figure connue de la gauche radicale en France et participe au Front populaire, ce qui est en opposition totale avec le positionnement de Marine Le Pen. Neville Chamberlain occupe le poste de Premier ministre britannique à cette époque. En 1938, Hitler au pouvoir en Allemagne devient de plus en plus menaçant. Son ambition est d’annexer les Sudètes, un territoire tchèque peuplé majoritairement d’Allemands, et assure qu’il maintiendra la paix en compensation. Daladier et Chamberlain accepteront de céder ces terres lors des accords de Munich, signés les 29 et 30 septembre 1938. La guerre est ainsi écartée, mais seulement de façon temporaire.
Une comparaison peu conforme à la vérité historique
En 2024, Valérie Hayer insinue que Marine Le Pen serait prête à abandonner l’Ukraine pour éviter un conflit avec Vladimir Poutine. Selon Isabelle Davion, historienne à la Sorbonne Université, cette comparaison entre les deux périodes est incorrecte. « Daladier signe les accords de Munich pour gagner du temps, pour ne pas offrir à Hitler la guerre qu’il désire. Présenter Daladier comme quelqu’un qui refuse de soutenir un pays en guerre dans l’intention de préserver la France de la guerre est une erreur », affirme-t-elle.
C’est donc à contrecoeur qu’Édouard Daladier signe les accords de Munich, tout en étant parfaitement conscient que la guerre est inévitable. Valérie Hayer a voulu mettre en évidence la proximité du RN avec la Russie. Cependant, la comparaison qu’elle fait avec Édouard Daladier semble assez déconnectée de la réalité des faits historiques.