Lors des dernières enquêtes d’opinions, Jordan Bardella est clairement en position de leader. Ce dimanche, à Marseille, il a organisé son premier grand rassemblement de campagne pour les élections européennes. Il a choisi de critiquer le président de la République tout en faisant précisément le choix de ne pas aborder la question européenne.
Lancement de la campagne des Européennes par Jordan Bardella : le coup d’envoi donné avec une attaque frontale contre Emmanuel Macron
Dimanche 3 mars, Jordan Bardella, chef de file du Rassemblement national (RN) pour les élections européennes, a commencé sa campagne en bombardant Emmanuel Macron de critiques lors d’un rassemblement à Marseille. Bardella accuse le Président de la République d’être responsable de ce qu’il qualifie de « grand effacement de la France sur son propre territoire, en Europe et dans le monde ». Emmanuel Macron, selon les dires insistants de Bardella, est le « grand effaceur ». Ce discours infligé au Président de la République crée un effet de duel entre Bardella et Macron. Cette tactique profite à Bardella de deux façons : elle minimise l’importance de Marine Le Pen, reléguée à un poste de faire-valoir, et permet d’éviter de trop discuter de l’Europe en concentrant les attaques sur le bilan national du Président.
Le flou persiste quant au projet européen du RN
L’évitement du sujet européen par Jordan Bardella est révélateur de l’imprécision qui plane sur le projet européen du RN. L’Europe est considérée comme une « prison » dont la sortie n’est plus envisagée. Exit le « Frexit » qui terrorisait les électeurs, Bardella souhaite désormais transformer l’UE actuelle en une « alliance européenne des Nations ». Les partenaires de cette alliance restent cependant indéterminés car Jordana Bardella n’en a aucun. Au Parlement européen, les députés RN ne sont même pas dans le même groupe que ceux des deux seuls pays européens dirigés par des nationalistes, l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban.
Un bilan peu concluant et ambigu au Parlement européen
Depuis le scrutin de 2019, les 23 élus RN n’ont eu que peu d’impact au Parlement européen, leur isolement en est en partie la cause. Leur activité est faible, comme celle de Jordan Bardella, absent des commissions depuis mai 2022. Leurs prises de position sont parfois en décalage avec les discours tenus à Paris. Par exemple, ils ont systématiquement voté contre l’augmentation des moyens de Frontex, l’agence de surveillance des frontières, avant de nommer son ancien directeur, Fabrice Leggeri, sur leur liste. Même si Bardella critique aujourd’hui l’Europe et met en avant son « patriotisme économique » pour soutenir les agriculteurs, il a pourtant approuvé la réforme de la Politique agricole commune (PAC).
C’est sur le refus des livraisons d’armes et des aides financières à l’Ukraine que les élus RN restent cohérents depuis près de deux ans. Ils ont même refusé de condamner les conditions de détention d’Alexeï Navalny, décédé dans les prisons de Valdimir Poutine. En l’absence d’alliés au sein de l’Europe des 27, le RN semble chercher du réconfort en bichonnant son allié extérieur : la Russie.