Cette semaine, Thierry Fioril et Matteu Maestracci vous présentent les toutes dernières nouveautés au cinéma : « HLM Pussy », une réalisation signée Nora El Hourch, ainsi que « La Salle des profs », un film dirigé par İlker Çatak.
« HLM Pussy », le premier long métrage de Nora El Hourch, est un savant mélange de comédie énergique, de drame, de film social et d’amitié. C’est aussi une œuvre très personnelle pour la réalisatrice de 36 ans, qui a mis neuf ans à aboutir. Nora El Hourch, qui a également écrit le scénario du film, a été victime d’une agression sexuelle dans son aptitude de jeunesse.
Le film raconte l’histoire d’Amina, Zineb et Djénéba, trois lycéennes inséparables qui fréquentent une école dans un quartier populaire. Elles sont régulièrement victimes de sexisme de la part des garçons de leur âge. Un jour, un garçon nommé Zack embrasse de force Zineb dans une salle de bains. Pour le prendre à son propre piège, Amina filme l’incident et le diffuse sur les réseaux sociaux. Cela déclenche une série de réactions qui mettent à mal leur amitié, soulèvent des questions sur la réputation et le consentement, et leur attirent des menaces.
« La Salle des profs » de İlker Çatak
C’est un thriller captivant et exaltant qui se déroule dans un établissement apparemment modèle, inclusif et tolérant. Après une série de vols dans la salle des professeurs, la direction de l’école prend une décision impensable aujourd’hui : demander à tous les élèves d’une classe d’ouvrir leurs portefeuilles. Cela provoque l’indignation de leur enseignante, Carla, qui décide de mener sa propre enquête, se mettant ainsi à dos ses collègues. Ses erreurs s’accumulent et finissent par déclencher une crise majeure.
Dans ce microcosme de la société, chacun se réfugie derrière son opinion, qu’il soit élève, professeur ou parent. İlker Çatak a l’ingénieuse idée d’éviter une course directe vers le désastre (il n’est pas Ruben Östlund), et nous offre à la place un film acerbe et puissant, un huis clos qui met en relief l’isolement de son personnage principal.
Que ce soit les réseaux sociaux, le racisme banalisé, la cancel culture ou le politiquement correct, chacun est mis en cause, et les bonnes intentions supposées prêtent à rire. À travers le prisme français, il est amusant de voir ces Allemands qui pensent détenir la solution miracle pour résoudre tous les conflits. Cependant, le message du film est universel, et sa mise en scène est d’une qualité remarquable.