Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage dimanche à 44 enfants juifs déportés d'un orphelinat du sud-est de la France par les nazis, ainsi qu'aux membres de la Résistance française, dans le premier d'une série d'événements qu'il dirige cette année pour marquer ses 80 ans. depuis le Débarquement et la Libération de Paris.
« Le seul fondement de l'antisémitisme est la haine », a déclaré Macron dimanche en visitant l'ancien orphelinat d'Izieu où, le 6 avril 1944, 44 enfants juifs furent raflés par la Gestapo avec leurs sept instructeurs, également juifs.
Le raid a été mené sur ordre de Klaus Barbie, le célèbre nazi surnommé le « Boucher de Lyon ».
Toutes les victimes d'Izieu ont été déportées vers les camps de la mort d'Auschwitz-Birkenau en Pologne ou de Reval en Estonie. Un seul instructeur a survécu.
L'orphelinat a été fondé par Sabine Zlatin, une résistante juive d'origine polonaise. Entre mai 1943 et avril 1944, elle accueille une centaine d'enfants dont les parents ont été déportés.
« Nous allions à l'école, nous avions une vie tranquille » même si les adultes savaient que « cela devenait de plus en plus dangereux », a déclaré à l'AFP Bernard Waysenson, l'un des huit anciens pensionnaires présents aux commémorations de dimanche.
« Foyer de résistance »
La visite de Macron avait pour objectif de célébrer « l'engagement de ceux qui se sont dressés contre le nazisme en accueillant les victimes des persécutions, et de ceux qui se sont opposés à l'abomination des valeurs républicaines, en traduisant en justice le bourreau Klaus Barbie », a indiqué la présidence française.
Plus tôt dimanche, le président français s'est rendu sur le plateau montagneux des Glières, également dans les Alpes, qu'il a décrit comme un « foyer de résistance » contre le régime nazi.
De janvier à mars 1944, 465 résistants, dits maquisardrassemblés aux Glières pour recevoir des parachutages d'armes à l'approche du débarquement allié en Provence en août 1944.
Les deux tiers furent faits prisonniers par l'armée allemande et 124 furent tués lors des combats ou fusillés. Neuf ont disparu et 16 sont morts en déportation.
Cent cinq d’entre eux sont enterrés au cimetière militaire de Morette, à Thônes.
Macron a rendu hommage à la diversité du 465 maquisard: « Enseignants, agriculteurs, personnalités publiques, juifs et catholiques, communistes, socialistes et gaullistes, anarchistes, officiers français et étrangers réunis dans un même combat contre le nazisme », a-t-il déclaré.
Citant la devise des résistants : « Vivre libre ou mourir », il a fait allusion à l'invasion russe de l'Ukraine.
« Cette guerre doit cesser », a-t-il insisté.
Unir une nation divisée
Cette année, les commémorations de la Seconde Guerre mondiale atteindront leur apogée avec les cérémonies marquant le 80e anniversaire du débarquement du jour J, le 6 juin, auxquelles sont attendus de nombreux dirigeants mondiaux.
Le 10 juin, le président se rend au village martyr d'Oradour-sur-Glane, où les soldats nazis massacrèrent 643 de ses habitants le 10 juin 1944, avant de l'incendier.
La France marquera l'invasion alliée de la Provence le 15 août et la libération de Paris de l'occupation nazie le 25 août.
L'année commémorative se termine le 23 novembre, lorsque la France célèbre la libération de Strasbourg, dans la province orientale de l'Alsace, près de la frontière allemande.
Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron fait la part belle à la mémorialisation et ses discours comportent souvent des références historiques – une manière de tenter d’unir une nation divisée.
Avec les JO de Paris, les commémorations autour de la Libération et du Jour J devraient être un moment fort de son deuxième quinquennat.