L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) annonce avoir mis au jour les vestiges d'un château médiéval à Vannes, sur la côte bretonne. Des découvertes inattendues ont permis aux archéologues de retracer pour la première fois la structure vieille de 600 ans et sa vie interne.
L'Inrap affirme avoir effectué les fouilles – commandées par la ville de Vannes – au début de l'année dernière pour rechercher des vestiges avant que le bâtiment du XVIIIe siècle sur place ne soit construit pour devenir un musée des beaux-arts.
En fouillant dans la cour et les caves du manoir, les archéologues ont découvert un mur extérieur et des douves, a annoncé l'Inrap la semaine dernière. Ils ont également mis au jour des traces d'un pont sur les douves et d'un moulin dans la zone résidentielle du château.
Le pont permettait d'accéder à la ville, a précisé l'Inrap, tout en ajoutant que le moulin a été construit « de manière très originale ».
Quatre mètres plus bas, l'Inrap a indiqué avoir « découvert de manière inattendue un rez-de-chaussée » mesurant 42 mètres de long et 17 mètres de large, entouré de murs de six mètres d'épaisseur.
À en juger par les restes d'escaliers « remarquablement conservés », les archéologues estimaient que le château avait trois ou quatre niveaux.
Parmi les autres découvertes figuraient des tuyaux de drainage et des latrines, remplies d'objets tels que des bijoux, des vêtements, des ustensiles et des pièces de monnaie datant du XVe siècle.
Impressionnant préservé
Une étude de l'Inrap de 2021 a constaté l'existence d'un édifice médiéval à cet endroit, mais a été surpris par les structures complexes et étendues trouvées l'année dernière.
Ils pensent que la préservation impressionnante du château est due, en partie, aux conditions boueuses du terrain.
La disposition, similaire à celle du château de Suscinio, à 25 kilomètres au sud de Vannes, était un modèle populaire du XIVe siècle pour les ducs britanniques.
La Bretagne était un État féodal médiéval entre le Xe et le XVIe siècle, gouverné par une lignée de ducs.
Selon les chercheurs, le site – connu sous le nom de Château de l'Hermine – a été construit vers 1380 par Jean IV, duc de Bretagne et comte de Montfort, comme symbole de son pouvoir.
Somptueuse forteresse
Le grand château, l'une des résidences préférées de Jean IV, devient une place forte de son territoire en expansion et urbanise la commune de Vannes.
Dans son communiqué, l'Inrap indique que la construction du château, réalisée en une seule phase, démontre la richesse du duc.
« (Il) a su s'entourer des meilleurs ingénieurs et artisans de l'époque », peut-on lire, ajoutant que les marquages sur le mur montrent des ouvriers suivant un plan avancé.
🎥 Le château de l'Hermine refait surface à Vannes (Morbihan)
À Vannes, dans le Morbihan, les ruines d'un édifice que l'on pensait à jamais disparu refont surface : Le château de l'Hermine
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-Inrap (@Inrap) 29 mars 2024
Le petit-fils de Jean IV abandonne le château au profit d'une autre résidence. Les traces de la demeure, habitée seulement pendant son premier siècle, sont presque absentes des archives historiques.
Le vaste bâtiment au sommet des ruines, connu sous les noms de Château de l'Hermine et Hôtel Lagorce, a servi d'hôtel, de restaurant, d'écoles de formation et de bureaux gouvernementaux depuis sa construction dans les années 1780. Il appartient à la ville depuis 1976.
Les autorités n'ont pas encore annoncé si le musée d'art se réaliserait comme prévu à la lumière des découvertes de l'Inrap.
(avec fils de presse)