Lors des dernières élections législatives, les candidats soutenant Éric Ciotti ne représentaient pas équitablement les hommes et les femmes. De ce fait, les pénalités financières atteindront deux millions d’euros chaque année. Ce parti n’est pas le seul à faire face à des sanctions durant ce processus électoral.
Les formations politiques profitent de l’été pour passer au crible leurs comptes après les élections législatives. Le non-respect de la parité des candidatures va entraîner des sanctions financières pour plusieurs d’entre elles. Les pénalités prennent tout leur sens. Notamment, La France Insoumise, seule à atteindre une parité absolue dans ses candidatures, n’encourra aucune amende. Avec 116 femmes pour 117 hommes présents sur les listes, ils ont respecté les critères de parité. Les partis communiste et écologiste se rapprochent également de cet équilibre. Cependant, Les Républicains, sous la direction d’Éric Ciotti, ont présenté 11 femmes pour 52 hommes. Au-delà d’un écart de 2%, les sanctions s’appliquent. Le micro-parti d’Éric Ciotti se voit ainsi infliger une amende annuelle de deux millions d’euros, ne laissant que quelques centaines de milliers d’euros en subventions, selon les estimations du journal Le Monde…
Le Rassemblement National (RN) s’en tire légèrement mieux avec une pénalité d’un million d’euros, bien que leur dotation augmente grâce à leurs 126 députés, atteignant 18 millions d’euros par an. Par ailleurs, le Parti Socialiste devra également s’acquitter de la même amende d’un million d’euros, une somme compensée par une hausse des dotations due à l’augmentation du nombre de leurs élus. L’alliance Ensemble est également touchée. L’ancienne majorité présidentielle a vu le nombre de candidatures féminines chuter fortement, passant de 48,5% aux dernières législatives à 43,5% cette année.
La leçon est claire : la parité femmes-hommes dans les élections de liste, telles que les Européennes ou les municipales, est obligatoire. En revanche, pour les législatives, où les candidats s’affrontent individuellement, la parité n’est toujours pas atteinte, 24 ans après l’instauration des amendes. Malgré leur doublement en 2014, cela demeure insuffisant.
Les écologistes meilleurs élèves que les autres
L’objectif de cette mesure était d’assurer une représentativité équilibrée entre les sexes parmi les élus ! Bien sûr, il y a eu des progrès, passant de 6% de femmes en 1993 à 38% deux ans auparavant, mais une régression se fait sentir à nouveau. Outre ces chiffres globaux, il est essentiel que les femmes aient accès à des circonscriptions gagnables. En fin de compte, pour ce scrutin législatif, la parité hommes-femmes au sein de l’Assemblée nationale se reflète seulement dans le groupe écologiste, avec 16 députées et 17 députés. Même avec l’ajout des cinq frondeurs insoumis, la proportion reste inchangée. À La France Insoumise, où les candidatures étaient parfaitement équilibrées, l’écart s’est creusé : sur 72 députés insoumis, il n’y a plus que 29 femmes (soit 40%, un taux supérieur à la moyenne de l’Assemblée).
De même, chez Ensemble, on compte 41 femmes sur une centaine de députés. Au sein de Horizons, 12 femmes sur un groupe de 31 sont présentes.
À droite, la situation est encore plus déséquilibrée : seulement 13 femmes sur 47 députés chez Les Républicains, quant à « À droite » (le groupe ciottiste), elles ne sont que quatre. C’est légèrement mieux au RN, qui compte un tiers de femmes, soit 40 sur un groupe de 126.
Les écologistes semblent mieux réussir que les autres grâce à leur effort conscient de donner autant de circonscriptions gagnables aux femmes qu’aux hommes. C’est une question de culture dans un parti souvent dirigé par des femmes, ou où des groupes de soutien (empowerment) travaillent depuis des années à encourager de nouvelles vocations. Un dirigeant du parti macroniste reconnaît que la dissolution inattendue n’a pas aidé. Avec seulement 48 heures pour déposer les candidatures, les refus de femmes ont été plus fréquents. « Quand il y a une tension politique, ce sont toujours les femmes qui trinquent », disait souvent Gisèle Halimi, une déclaration qui semble plus pertinente que jamais.