Le cinéaste Albert Serra a exprimé sa gratitude envers les organisateurs pour avoir choisi son film, et ce, en dépit des objections soulevées par les associations de protection animale.
Samedi 28 septembre, Albert Serra, réalisateur catalan, a remporté la Coquille d’or, le prix suprême du festival international de cinéma de San Sebastian au Pays basque espagnol, avec son documentaire sur la tauromachie. Cette édition a été marquée par de nombreuses manifestations de soutien au cinéma argentin.
« Je tiens à remercier le festival d’avoir sélectionné mon film« , a déclaré Serra en recevant son prix. Les associations de défense des animaux avaient pourtant milité contre la présentation de ce documentaire, intitulé Tardes de soledad (Après-midi de solitude en français), à cette 72e édition du festival.
Le parti espagnol Pacma, engagé dans la défense des droits des animaux, avait réclamé que ce film soit retiré de la compétition, affirmant qu’il présentait « une vision romantique » de « une tradition marquée par la violence envers les animaux« .
Le documentaire, très applaudi lors de sa projection officielle, suit le toréro péruvien Andrés Roca Rey pendant plusieurs jours de festivités, depuis le moment où il revêt son costume de toréro jusqu’à la conclusion de la corrida, et aborde sans détour la question de la mort des taureaux, largement mise en images.
Le débat sur la tauromachie relancé
Lors de la conférence de presse présentant le film, le réalisateur catalan, âgé de 48 ans, a affirmé que son œuvre « se positionne » en montrant « une certaine fascination pour le sujet » de la tauromachie, tout en précisant qu’il « ne renonce pas à être un film d’art (…) qui n’est pas au service d’une cause ou de quoi que ce soit« , mais « au service du cinéma« .
En Espagne, le débat sur la tauromachie est toujours d’actualité. Le gouvernement de gauche a récemment décidé de supprimer le Prix national taurin. La Coquille d’argent pour la meilleure réalisation a été décernée ex aequo à deux réalisateurs : la Portugaise Laura Carreira pour On Falling (En tombant), qui explore les conditions de travail déshumanisantes dans un grand entrepôt d’une entreprise de commerce en ligne, et l’Espagnol Pedro Martín Calero pour son film d’horreur El llanto (Les pleurs).
Soutien au cinéma argentin
Pedro Martín Calero a déclaré que son film était « argentin, car la moitié du tournage a eu lieu là-bas et la moitié du casting est argentin« , et que « le prix leur appartient« , dans une de ses nombreuses interventions en soutien au cinéma argentin au cours de la soirée.
Le cinéma argentin souffre durement des mesures d’austérité mises en œuvre par le président Javier Milei, qui ont quasiment paralysé l’Institut national argentin du cinéma (INCAA).
Recevant le prix du meilleur film latino-américain pour El jockey (Le jockey) du réalisateur argentin Luis Ortega, l’acteur Pérez Biscayart a lancé : « Derrière cette auto-illusion dans laquelle ils vivent, cette haine qu’ils professent, il n’y a pas de liberté. Il n’y a qu’une profonde solitude. Ils ont beau essayer, ils ne nous détruiront pas, nous ne nous détruirons pas nous-mêmes. Vive le cinéma argentin !« .
Vous pouvez consulter l’ensemble du palmarès sur le site du festival.