Réduction des émissions de gaz à effet de serre, stratégie en matière d’énergie, ajustements face à la crise climatique… Michel Barnier devra apporter des réponses à de nombreuses problématiques qui n’ont pas encore été résolues depuis plusieurs mois.
Lors de la cérémonie de passation du pouvoir jeudi 5 septembre à Matignon, Michel Barnier a promis de dire « la vérité » concernant la « dette écologique qui pèse lourdement sur les épaules de nos enfants ». Le nouveau Premier ministre a de nombreux défis à relever, notamment en matière d’environnement. Des questions cruciales sont restées sans réponse depuis des mois.
En premier lieu, il faut aborder l’avenir de la politique énergétique de la France et lever les incertitudes qui subsistent quant à la programmation pluriannuelle de l’énergie, retardée de plus d’un an. Ce document est essentiel pour définir la stratégie française en matière de production d’électricité. Sur cette question, Michel Barnier et Emmanuel Macron partagent la même vision et soutiennent le nucléaire, que le nouveau Premier ministre a qualifié en 2021 d’« avantage souverain ».
Un autre dossier majeur concerne la stratégie nationale bas carbone, qui doit préciser comment la France envisage de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ce plan inclut la rénovation des bâtiments, la décarbonation de l’industrie, le déploiement de la voiture électrique et le captage du CO2. Ces fractions de la stratégie nécessitent une adaptation rapide, car l’objectif est de réduire de moitié les émissions d’ici 2030.
Barnier opposé à une écologie « punitive »
Enfin, il y a la question du plan national d’adaptation au dérèglement climatique, un projet ambitieux prêt à être publié et se trouvant « sur le bureau » de Michel Barnier, comme l’a mentionné Gabriel Attal jeudi dernier. Ce plan vise à préparer la France à faire face à un réchauffement climatique de 4 degrés d’ici la fin du siècle, en traitant des problèmes comme l’érosion côtière et les vagues de chaleur.
Michel Barnier s’est déclaré contre une écologie « punitive », un point qu’il a souligné à plusieurs reprises, notamment dans une tribune publiée dans Le Monde en 2023. Il a critiqué la politique environnementale de l’Union européenne, qui inclut l’interdiction des voitures thermiques neuves d’ici 2035, la réduction de moitié des pesticides d’ici 2030 et la loi de restauration de la nature. Selon lui, ces mesures sont des « injonctions aux conséquences considérables sur l’agriculture, l’artisanat ou l’industrie » et il prône pour « plus de liberté » pour les États membres.
La loi Barnier et le principe de précaution
Michel Barnier, en tant que ministre de l’Environnement dans les années 90, a laissé son nom à une loi fondamentale sur la protection de l’environnement en France. La loi Barnier a introduit des principes clés tels que le principe de précaution et le principe du pollueur-payeur.
Lors de son passage au ministère de l’Agriculture sous Nicolas Sarkozy, l’association de défense de l’environnement Générations futures se souvient de lui comme d’un ministre ayant « résisté aux pressions de la FNSEA » durant les négociations du Grenelle des pesticides. Aujourd’hui, cette ONG appelle Michel Barnier à réformer en profondeur les politiques agricoles et environnementales du pays.