Peu importe si Michel Barnier prend les rênes à Matignon, La France Insoumise persiste dans sa démarche de destituer Emmanuel Macron. Le processus est enclenché et pourrait se révéler être une source de tracas plus grande que ce que le président avait envisagé.
La menace d’une procédure de destitution contre Emmanuel Macron, émise par La France Insoumise (LFI), s’est concrétisée en un véritable mot d’ordre pour les Insoumis. Leur motion de destitution a été déposée, marquant ainsi le début du processus visant à tenter de démettre le président de ses fonctions, avec le soutien de 81 signatures émanant des partis de gauche. Pour que ce texte soit examiné, l’approbation du bureau de l’Assemblée nationale est nécessaire, ce dernier se réunissant le mercredi 11 septembre, où désormais la gauche détient la majorité.
Cependant, d’après les experts en droit constitutionnel, cette tentative de destitution semble vouée à l’échec. Pour qu’Emmanuel Macron soit effectivement destitué, il faudrait obtenir le vote des deux tiers des députés, suivi de celui des deux tiers des sénateurs, ce qui relève de l’impossible, même si les Insoumis y croient fermement. Mais ce n’est pas cet aspect qui préoccupe le plus les hautes sphères.
Des semaines de débats à prévoir…
Ce qui inquiète en réalité, c’est le feuilleton médiatique que pourrait engendrer cette procédure. Si le bureau donne son feu vert, il s’agira du premier acte, même en partant du postulat que les socialistes, qui sont généralement contre cette procédure, décident de la considérer. Un premier débat aurait alors lieu en Commission des Lois dès la fin septembre, si la session parlementaire est avancée. Ensuite, un débat plus médiatisé se tiendrait dans l’hémicycle. Si le texte est adopté, il serait ensuite envoyé au Sénat dans les 15 jours. Ainsi, pendant plusieurs semaines, l’actualité serait dominée par ce sujet, que ce soit sur les plateaux de télévision ou à la radio… “L’hémicycle fera payer à Macron ses hésitations”, redoute un député influent du camp présidentiel.
La rumeur de destitution favoriserait également celle d’une démission du président. Certains dans son propre camp alimentent déjà cette idée, notamment Édouard Philippe, son allié du mouvement Horizons. Il se projette même vers une élection présidentielle anticipée, surtout si le gouvernement de Michel Barnier venait à tomber, entraînant potentiellement plusieurs motions de censure. Nous serions alors en pleine crise institutionnelle. Emmanuel Macron subit donc une pression immense, une pression que les oppositions ont bien l’intention d’exploiter.
L’incertitude du Rassemblement National
Le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise évoquent la démission présidentielle depuis des mois, mais Marine Le Pen reste silencieuse sur l’éventualité de voter en faveur de la destitution. “C’est le seul dénouement possible”, affirme Paul Vannier, l’un des proches de Jean-Luc Mélenchon, dans un entretien avec franceinfo. Selon lui, “le mouvement de rejet se focalisera sur le président pour le pousser à la démission”, reprenant les paroles de Montesquieu “seul le pouvoir arrête le pouvoir”.
Le premier test de cette mobilisation aura lieu le samedi 7 septembre, avec le rassemblement appelé par LFI, qui estime que l’élection “a été volée aux Français”.