Reconnu pour son aptitude à la communication, le nouveau Premier ministre a affirmé, dans son allocution de prise de fonction, éprouver « un grand respect » envers les partenaires sociaux. Ces derniers n’ont pas tardé à exprimer leur réaction.
« Au travail ! » Ce refrain commun pour clôturer les discours de passation de pouvoirs a pris une dimension particulière lorsque Michel Barnier s’est exprimé, le jeudi 5 septembre, dans la cour de Matignon. Désormais investi des responsabilités de Premier ministre, il a promis des « changements et ruptures » et doit désormais composer une équipe gouvernementale capable de démontrer à la fois unité et indépendance vis-à-vis d’Emmanuel Macron.
Le président de la République a formulé une mission claire pour Michel Barnier : « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays ». Toutefois, à 73 ans, le Savoyard sent la pression d’un mandat en sursis et doit trouver le juste équilibre pour éviter une chute lors de la première motion de censure. Les partenaires sociaux surveillent également la situation de près. La CFDT a déclaré dans un communiqué qu’elle « prend acte de la nomination de Michel Barnier » et souligne que le remplacement à Matignon était urgent en raison de la grande responsabilité dont la population a fait preuve lors des élections. À l’inverse, Solidaires a exprimé son mécontentement, estimant que cette nomination « ne répond pas aux urgences sociales et écologiques ».
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a quant à elle affirmé sur France Inter le vendredi 6 septembre que cette nomination place le Rassemblement National au centre de la scène politique, une situation contraire aux résultats des législatives. Elle a rappelé la mobilisation historique visant à empêcher l’arrivée du RN à Matignon. Selon elle, le RN détiendra désormais le « pouvoir de vie ou de mort » sur le gouvernement, car leur vote pourrait décider de l’issue d’une motion de censure. Binet a également exprimé des craintes sur les positions d’austérité des Républicains, le parti de Michel Barnier, et a appelé à une rupture avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron, sanctionnée par les électeurs lors de législatives récentes.
« Un signal positif » pour la CFTC
Dans un autre registre, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) ont salué la nomination d’un homme de dialogue. Selon Jean-Eudes du Mesnil du Buisson de la CPME, la situation économique nécessitait un changement, car l’attentisme des entreprises et les propositions d’augmentations fiscales suscitaient des inquiétudes. Pour lui, Michel Barnier est « un homme d’expérience » capable de négocier, une compétence précieuse face aux défis à venir.
Cyril Chabanier, président de la CFTC, a qualifié cette nomination de « signal positif », y voyant un changement de méthode évoqué dans le discours de Barnier. Il a souligné l’expérience européenne de Barnier, qui en fait un homme de dialogue habitué au compromis. Chabanier a aussi mentionné l’évocation par Barnier de sa mère chrétienne et de gauche, des valeurs selon lui propices à un climat d’apaisement, de dialogue, et de compromis.
Le dossier brûlant des retraites
François Hommeril, président de la CFE-CGC, a reconnu les bonnes capacités d’écoute de Barnier mais attend de voir ses réponses sur les gros dossiers. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson de la CPME a insisté sur l’importance des finances publiques, la « mère de toutes les batailles », et a souligné la nécessité de « mesures courageuses » sans céder à l’option facile d’augmenter les prélèvements obligatoires.
Cyril Chabanier, de son côté, espère une rencontre rapide avec le nouveau Premier ministre, car de nombreux sujets brûlants sont sur la table, notamment la réforme des retraites. Bien qu’il demande toujours le retrait de cette réforme, il admet avoir « peu d’espoir ». En revanche, il se montre plus optimiste concernant la réforme de l’assurance chômage où il voit plus de possibilités de compromis.
Pour l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), la position est plus tranchée sur la question des retraites. Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, avertit qu’un statu quo sur cette réforme serait problématique.