Alors qu’Hugo Auradou et Oscar Jegou, accusés de viol en réunion aggravé en Argentine, ont obtenu l’autorisation de retourner en France, la plaignante a pris soin de critiquer ouvertement cette décision.
La femme de 39 ans, originaire d’Argentine, qui accuse deux rugbymen français de viol en juillet, a décidé de sortir de son silence. Lors d’une interview accordée à l’AFP ce jeudi 5 septembre, elle exprime être « abandonnée par la justice », expliquant que les autorités ont autorisé les joueurs à retourner en France. Cependant, elle se dit convaincue que « la justice sociale va les condamner » en tant que « violeurs ». « Je me sens délaissée par le système judiciaire de Mendoza. Ils me traitent comme si j’étais la coupable alors que je suis la victime », déclare-t-elle, souhaitant être identifiée sous le pseudonyme de « Maria ».
Les deux rugbymen, Hugo Auradou et Oscar Jegou, ont regagné la France mercredi soir après que la justice argentine les a autorisés à quitter le territoire, suivant la recommandation du parquet de Mendoza qui estime que «l’accusation initiale a perdu de sa force». Les sportifs, qui déclarent que les relations étaient consensuelles, sont toujours inculpés de viol aggravé en réunion. Une audience est prévue prochainement pour évaluer une demande de non-lieu formulée par leurs avocats.
« Deux brebis galeuses du rugby français »
Dans son interview teintée d’amertume, « Maria » déclare que « l’argent peut déplacer des montagnes, et que la France a dépensé beaucoup d’argent pour les faire sortir du pays, et elle y est parvenue ». Pourtant, elle est convaincue que la « justice sociale » rendra son verdict, les condamnant socialement car mon témoignage est véridique et sincère », martèle-t-elle.
« Les deux ont abusé sexuellement de moi », réitère-t-elle en précisant qu’Oscar Jegou est revenu plus tard dans la chambre d’hôtel. « Tous deux m’ont battue » et méritent « pas moins de 20 ans de prison », la peine maximale pour viol aggravé en réunion. « Ce ne sont pas des héros, ce sont deux brebis galeuses du rugby français », accuse-t-elle.
Interrogée sur les menaces de poursuites éventuelles contre elle, une hypothèse évoquée mais non encore décidée par les avocats des joueurs, elle réplique vivement contre l’un des avocats, Rafael Cuneo Libarona, frère de l’actuel ministre de la Justice du gouvernement de Javier Milei. « Cet avocat ne va pas bien dans sa tête, c’est moi qui vais porter plainte contre lui, pour toutes les erreurs professionnelles qu’il a commises », assure-t-elle, l’accusant de l’avoir « dénigrée » et traitée de « prostituée VIP », conclut-elle.