Le 5 novembre, l’actrice venue des États-Unis a animé une masterclass à la Cinémathèque de Paris. À cette occasion, le film « The Substance », réalisé par la Française Coralie Fargeat, a été projeté en avant-première.
Demi Moore, célèbre actrice américaine, a récemment taquiné son public en affirmant qu’il n’y avait « rien que je puisse dire pour vous préparer » à son tout dernier film The Substance, réalisé par la talentueuse Coralie Fargeat. Quelques heures avant l’avant-première qui a eu lieu à la Cinémathèque française le mardi 5 novembre 2024, elle a tenu une masterclass devant une audience captivée. Comme elle l’a déjà démontré dans des films tels que Striptease (1996), À armes égales (1997) et Harcèlement (1995), l’actrice, désormais dans sa soixantaine, ne recule pas devant le défi physique que représente chaque rôle, incarnant cette fois-ci une femme d’un certain âge. Sa performance s’aligne parfaitement avec le thème central de The Substance, un film qui explore de manière intense la quête de jeunesse éternelle. Récompensé par le Prix du scénario lors du dernier Festival de Cannes, ce film pourrait bien conduire Demi Moore sur la route des Oscars.
Dans cette histoire intrigante, Demi Moore endosse le rôle d’Elisabeth Sparkle, une icône du fitness dont le patron peu scrupuleux, Harvey (joué par Dennis Quaid), veut se débarrasser en raison de son âge prétendument avancé, 50 ans. Désespérée, Elisabeth découvre un produit mystérieux nommé The Substance qui promet de restaurer sa jeunesse. Ce produit lui permet de retrouver une version rajeunie d’elle-même, avec laquelle elle doit partager son corps tour à tour, chaque semaine. Cependant, l’apparition de Sue (incarnée par Margaret Qualley), plus jeune, tourne rapidement au cauchemar pour Elisabeth. À travers une réalisation percutante, Coralie Fargeat propose une réflexion poignante sur la pression exercée sur le corps féminin et les souffrances que les femmes s’infligent pour se conformer aux attentes, surtout masculines.
Exploration de la vérité du personnage
Durant sa masterclass, Demi Moore a partagé ses réflexions sur son rapport au corps et sur la façon dont le récit de Coralie Fargeat l’a touchée en évoquant ses débuts à Hollywood. Elle a mentionné, entre autres, « la douleur que je me suis infligée pour devenir ce que les autres attendaient de moi » et l’« exigence de perfection physique imposée par Hollywood ».
L’actrice a également abordé le thème de la nudité au cinéma. Elle a affirmé, comme de nombreuses autres actrices, que la nudité est légitime tant qu’elle contribue à l’histoire. Dans The Substance, « plusieurs scènes de nudité se déroulent lorsque les personnages sont seuls, reflétant cette intimité que nous avons avec nous-mêmes. Se retrouver nu face à un miroir, seul, n’est pas une situation inhabituelle. Cela aide à mettre à nu la vulnérabilité de son personnage. »
En résumant sa pensée, elle a expliqué que pour elle, « la nudité n’est pertinente que si elle sert l’intrigue de l’histoire ». « En tant qu’actrice, je me dois d’être fidèle au moment présent. Même s’il y a un public qui peut voir une femme plus âgée se livrer en toute nudité, marquée par les expérience et l’âge. »
Concernant l’acceptation de son propre corps, Demi Moore a souvent réussi à dédramatiser ses imperfections à l’écran. Pourtant, elle a évoqué une anecdote personnelle marquante, celle de la fameuse couverture de Vanity Fair en 1991, où elle apparaissait dénudée et enceinte. Cette image avait suscité de nombreuses réactions à l’époque. « Cette photo, raconte-t-elle, était destinée à moi et à ma famille, prise à la fin d’une séance photo. Lorsque la publication a été décidée, je ne m’attendais pas à une telle controverse. C’était une époque où célébrer uniquement le début et la fin de la maternité était accepté, mais pas la grossesse elle-même, qui rappelait trop explicitement l’acte sexuel. »
Demi Moore a souligné que cette image, prise par Annie Leibovitz, avait beaucoup compté pour elle. « Malgré les défis que j’ai parfois rencontrés avec l’acceptation de mon corps, cette période a été pour moi une des plus belles et puissantes. Ainsi, j’étais ravie de voir cette photo publiée. »
En évoquant la culture américaine, elle a constaté que ses compatriotes restent « très pudiques » concernant la sexualité. « Les États-Unis sont profondément enracinés dans le puritanisme (…) La sexualité y est souvent taboue. Il existe une véritable réticence à accepter le corps. Dans ses films les plus audacieux, Demi Moore a essuyé des réactions variées. « Il est inconcevable pour moi de comprendre pourquoi d’autres formes d’art peuvent glorifier le corps, alors que le cinéma s’y refuse. » Elle conclut en affirmant son espoir de voir évoluer la représentation des femmes au cinéma et « que l’on cesse de les objectifier ».