« Il ne s’agit pas d’un documentaire rigoureux sur l’histoire, mais plutôt d’une œuvre spectaculaire », avertit Éric Teyssier, reconnu comme un éminent expert du monde des gladiateurs. Cette remarque survient alors que la suite du film, qui avait remporté cinq Oscars, est projetée dans les cinémas ce mercredi.
Une épopée cinématographique avant tout
« Détendez-vous, nous sommes au cinéma, pas devant un film documentaire. C’est avant tout du pur spectacle », annonce suite à une projection, le mercredi 13 novembre, Éric Teyssier, expert en histoire romaine et universitaire à Nîmes, éminent connaisseur du monde des gladiateurs. Près d’un quart de siècle après l’extraordinaire réussite du premier opus, couronné par cinq Oscars, le second volet de la saga Gladiator fait son arrivée dans les salles obscures.
Avec un budget astronomique de 310 millions de dollars, Gladiator II rejoint le prestigieux palmarès des dix films les plus coûteux de tous les temps. « Pour une expérience temporelle, finalement, le tarif n’est pas si prohibitif », commente Éric Teyssier. « Le facteur de surprise du premier ‘Gladiator’ n’est pas au rendez-vous, mais le film mérite le détour. Les inconditionnels du premier film sauront, à mon sens, apprécier cette suite », poursuit-il.
« En ce qui concerne le monde des gladiateurs, tout est inventé. Aucun costume n’est crédible. Ils n’ont pas de boucliers appropriés, et les casques font défaut. Les épées sont disproportionnées. »
Éric Teyssier, professeur d’histoire romaineinterrogé par 42mag.fr
Bien qu’Éric Teyssier ait apprécié le film, il souligne néanmoins que « Ridley Scott suit surtout les stéréotypes hollywoodiens associés aux gladiateurs ». Il précise qu' »il est difficile de dissimuler le visage d’acteurs bien rémunérés sous un casque couvrant ». « Les coordinateurs de combats à Hollywood sont plus habitués à manier l’escrime contemporaine, bien éloignée des techniques originelles des gladiateurs », analyse Éric Teyssier.
Un péplum déclencheur de passions académiques
En dépit de certaines inexactitudes historiques, Éric Teyssier recommande tout de même cette superproduction. Il estime que Gladiator II « pourrait éveiller l’intérêt pour la civilisation romaine du IIIe siècle ou inciter à un intérêt plus général pour l’histoire de Rome ». Toutefois, il précise que « ce film renferme des séquences de violence ». Dès lors, il rappelle qu’il n’est peut-être pas destiné aux « jeunes enfants », les gladiateurs n’étant pas « des musiciens élégants », selon lui.
« Ridley Scott a chamboulé mon existence, le malin. »
Éric Teyssier, professeur d’histoire romaineau micro de 42mag.fr
Le premier film a eu une résonance particulière chez lui. Lors de la sortie de Gladiator en 2000, il était déjà dans l’enseignement, « mais dans le domaine de l’histoire moderne », précise-t-il. Il ajoute, « Ma thèse portait sur la Révolution française, et ensuite, j’ai effectué un changement radical que peu osent dans le milieu académique : j’ai changé d’époque historique. Je me suis plongé intensément dans l’antiquité romaine. J’ai même entrepris de l’archéologie expérimentale liée aux combats de gladiateurs pour approfondir mes connaissances. Cela est devenu mon domaine de prédilection : l’histoire romaine, et en particulier celle des gladiateurs », détaille-t-il.