Une commission composée de sénateurs et de membres de l’Assemblée nationale a élaboré un compromis sur le budget 2025 qui, s’il était adopté par les deux assemblées plénières, pourrait éviter au gouvernement d’avoir à imposer le projet de loi sans vote. Mais les députés d’extrême droite et de gauche, qui ne sont pas d’accord avec de nombreuses mesures de réduction des coûts, appellent à un vote de censure contre le Premier ministre Barnier.
Les difficultés de Barnier pour faire adopter le budget 2025 par un parlement polarisé menacent son fragile gouvernement de coalition, alors que les opposants de gauche et de droite menacent d’un vote de censure qu’il risque de perdre.
Le budget d’austérité, qui vise à maîtriser le déficit public avec des hausses d’impôts déficitaires de 60 milliards d’euros et des réductions des dépenses, a été rejeté par l’Assemblée nationale avant d’être débattu par le Sénat.
Une commission composée de sept sénateurs et sept députés a présenté mercredi soir une version de compromis, qui sera soumise au vote des deux chambres.
S’il est adopté, cela signifierait que Barnier éviterait d’avoir à recourir à l’article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’une loi sans vote – une décision qui déclencherait très probablement un vote de censure.
Pourtant, le Rassemblement national d’extrême droite, dont le soutien est essentiel au gouvernement, désapprouve plusieurs mesures du projet de compromis, notamment une augmentation des taxes sur l’électricité et la décision de ne pas indexer les retraites sur l’inflation.
Le gouvernement est en négociations avec le RN qui menace depuis des semaines de voter pour renverser le gouvernement si ses revendications ne sont pas satisfaites.
Certains estiment que le procès pour détournement de fonds de la dirigeante du RN, Marine Le Pen, pourrait influencer sa position dure.
Largement considérée comme la favorite de l’élection présidentielle de 2027, elle risque de se voir interdire de se présenter après que les procureurs ont demandé une interdiction de cinq ans d’exercer des fonctions publiques.
Un collaborateur du député centriste Gabriel Attal, prédécesseur de Barnier au poste de Premier ministre, a déclaré que les menaces de Le Pen de renverser le gouvernement étaient une tentative « d’éclipser la saga des procès ».
Dans une interview télévisée mardi, Barnier a qualifié la situation actuelle d' »extrêmement préoccupante », prédisant « des conditions extrêmement graves et turbulentes sur les marchés financiers » en cas de chute de son gouvernement.
Un peu plus de la moitié des Français, mécontents du projet de budget, souhaitent la chute du gouvernement, selon un sondage publié jeudi.
Le sondage Ifop-Fiducial pour la radio Sud montre que 67% sont opposés au budget,
Dans un sondage Elabe pour BFM TV publié mercredi, 63% des personnes interrogées estiment que le président Emmanuel Macron devrait démissionner en cas de chute du gouvernement Barnier.