Tous les samedis, Fabrice d’Almeida, historien de renom, offre une nouvelle perspective sur l’actualité.
La semaine prochaine, il existe une forte probabilité que le gouvernement soit renversé par une motion de censure. Ce n’est pas un événement aléatoire, mais plutôt le signe d’un retour en force des partis politiques, entraînant une forme de domination des partis. Aujourd’hui, ces partis ont effectivement la capacité de paralyser les actions du gouvernement selon leurs intérêts spécifiques.
Dans notre passé, la IVe République est souvent qualifiée de « régime des partis ». À cette époque, l’adhésion aux partis était massive : après la Libération, deux millions de personnes ont rejoint les communistes, tandis que les socialistes comptaient un million de membres, et le RPF gaulliste atteignait également un million d’adhérents en 1948. Jamais auparavant autant de citoyens ne s’étaient engagés politiquement de cette manière, l’éthique de parti était prédominante. Les partis contrôlaient l’Assemblée et organisaient des alliances pour diriger l’accès au pouvoir, tenant aussi bien le gouvernement que la présidence sous leur influence.
Cinquième République : De Gaulle contre « le régime des partis »
Pour le général De Gaulle, cette pratique se faisait au détriment des intérêts nationaux. Il a longuement souligné cet aspect. En 1965, lors de la campagne présidentielle, il a déclaré vouloir réformer la Constitution pour briser cette dynamique, soutenu par les Français. Cependant, il avertissait qu’avec un président partisan, le système des partis risquait de revenir. Et effectivement, nous sommes retournés à cette situation depuis un certain temps.
Étonnamment, les partis qui paralysent actuellement notre vie politique, au détriment de l’intérêt général, sont ceux qui ont émergé sur la critique du monde partisan. Ainsi, le Rassemblement National (RN), héritier du Front National (FN) créé en 1972 comme un parti antisystème ; La France Insoumise (LFI), née de l’opposition au traité constitutionnel européen de 2005 lorsque Jean-Luc Mélenchon s’est opposé au consensus européen ; et même Renaissance, successeur d’En Marche, voulait transcender le système partisan français bipolaire. Ces partis sont aujourd’hui capables de bloquer la vie publique et envisagent de faire chuter le gouvernement, sans se préoccuper des conséquences économiques et sociales d’une telle action, surtout dans un contexte de licenciements en augmentation. Certes, le gouvernement possède des faiblesses, mais l’absence de solution alternative solide avant d’éventuelles élections fragilise davantage notre pays. Ce jeu centré sur les partis a déjà produit des effets délétères en France et ailleurs.
La solution : l’importance de voter
En 1958, les Français ont été appelés à voter à plusieurs reprises : lors du référendum sur la Constitution, des élections législatives en novembre, puis les grands électeurs ont choisi le président de la République. Par la suite, il y a eu des référendums sur l’autodétermination et l’Algérie, suivis de celui de 1962 sur la réforme de l’élection présidentielle. Plus tard, en Italie, pour résorber la crise de corruption entre 1992 et 1994, plusieurs référendums et finalement des élections législatives ont eu lieu. De même en Grèce, pour surmonter la crise de la dette.
Il est donc impératif de multiplier les actes de vote afin de manifester clairement la volonté des citoyens. Que ce soit par des référendums, des élections législatives, voire présidentielles, de nombreux outils sont à disposition pour sortir du blocage imposé par la prédominance des partis.