À la suite de l’accusation lors du procès lié aux assistants parlementaires, Marine Le Pen opte pour une stratégie de polarisation similaire à celle de Donald Trump, plutôt que de chercher à se conformer aux traditions politiques établies. Elle a choisi de mobiliser les citoyens contre ce qu’elle qualifie de « pouvoir judiciaire omnipotent », à l’image de la démarche du 45e président des États-Unis.
Marine Le Pen change de cap après un revers judiciaire
Suite aux lourdes réquisitions prononcées lors du procès des assistants parlementaires fictifs du Rassemblement National le 13 novembre, Marine Le Pen a adopté une nouvelle posture. Elle abandonne son ancienne approche visant à rendre son parti plus respecté et moins controversé. Terminés les efforts de modération et le mot d’ordre donné aux députés d’agir avec sérieux, elle s’en prend désormais ouvertement au système judiciaire et aux institutions. Marine Le Pen accuse les magistrats de chercher à priver les électeurs de leur choix en prononçant une peine d’inéligibilité contre elle. Le RN a rapidement déclenché une campagne de soutien en ligne avec un hashtag « Je soutiens Marine Le Pen » sur X, ainsi qu’une pétition dénonçant un « procès politique« . Ses partisans s’expriment pour dénoncer ce qu’ils voient comme une attaque orchestrée contre leur leader. En bref, le parti d’extrême droite revient à ses racines populistes en un clin d’œil. Un retour aux fondamentaux !
Il semble en effet que Marine Le Pen se tourne vers une approche trumpiste. Alors qu’elle s’était abstenue de soutenir un Donald Trump controversé lors des récentes élections américaines, elle observe son succès malgré (ou grâce à) sa radicalisation et ses attaques contre la presse et les magistrats. À présent, elle suit le même chemin en tentant de rallier l’opinion contre un soi-disant « gouvernement des juges« .
Une contradiction avec la stratégie de normalisation
À court terme, cette stratégie pourrait séduire ses partisans et faire grimper sa popularité. Se présenter comme victime est une méthode bien connue, surtout que les magistrats, à l’instar des journalistes, ne bénéficient pas toujours d’une grande cote de popularité. D’ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a également critiqué récemment sur X ce qu’il appelle « l’action de la justice« , alertant sur le risque qu’une inéligibilité trop précipitée exacerbe une potentielle crise politique. Toutefois, le danger pour Marine Le Pen réside dans le fait que son approche à la Trump pourrait anéantir ses efforts pour rendre son image plus acceptable.
En s’en prenant à la rigueur des juges, elle se met en contradiction avec ses critiques habituelles sur le prétendu « laxisme judiciaire« . De plus, il n’est pas certain que ses paroles musclées améliorent ses relations avec les juges. Pour l’instant, elle n’a pas encore été condamnée. Si l’on se souvient de François Fillon, qui a également contesté avec force l’impartialité judiciaire lors de sa candidature à l’Élysée, ce choix stratégique n’a pas spécialement porté ses fruits.