Après plusieurs jours de retrait de la vie publique nationale, le président de la République s’apprête à s’exprimer mardi soir. Il adressera ses vœux habituels aux citoyens français à cette occasion.
Le chef du gouvernement, François Bayrou, se rendra à Mayotte les 29 et 30 décembre pour apporter son soutien aux victimes du cyclone Chido. Pendant ce temps, Emmanuel Macron reste au Fort de Brégançon, situé dans le Var, où il se consacre à la préparation de son discours traditionnel du 31 décembre pour présenter ses vœux aux Français. L’objectif du président est de clore une année marquée par des difficultés politiques.
Il y a douze mois, Emmanuel Macron parlait de renforcer le pays et de vivre une année remplie de « fiertés françaises », avec en perspective les Jeux olympiques d’été et la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. « Depuis lors, des événements étranges ont chamboulé la situation », regrette un ancien ministre, encore sous le choc de son départ précipité du gouvernement, qui a vu une dissolution et un renversement de budget être à l’ordre du jour. Jamais un Premier ministre n’avait eu un mandat si court sous la Ve République.
« Un Noël volé, à la manière du Grinch »
Le bilan est simple. Cette année a vu se succéder quatre Premiers ministres : Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier, et François Bayrou, accompagnés de multiples remaniements. Le dernier changement a été annoncé lors d’une journée de deuil national, juste avant Noël. « Macron ressemble au Grinch, il a gâché notre Noël », plaisante un conseiller présidentiel, épuisé par l’attente et le suspense. Ce conseiller décrit aussi un président « visiblement affaibli, à l’autorité réduite ».
Cependant, un de ses fervents alliés croit que le président peut encore se relever : « Macron a fracturé son propre projet, il doit le restaurer ». Son dernier discours remonte au 5 décembre, après un vote de censure inédit depuis 1962, admettant que sa décision de dissoudre n’était pas bien comprise par tous. « Les Français peuvent lui accorder leur pardon », anticipe un proche collaborateur.
Emmanuel Macron poursuit inlassablement l’idée de reconstruction, faisant un parallèle entre Mayotte et la renaissance de Notre-Dame, et promettant de retourner sur place dans les mois à venir. 2025 marquera le point final des célébrations des 80 ans de la Libération. « Faire de cette année une année déterminante », imagine une élue de sa majorité. Les années suivantes seront marquées par les municipales de 2026 et la conclusion de son mandat en 2027.
Un président réfugié dans son bastion
Le président Macron organise ses vœux à l’abri, au Fort de Brégançon, avec la plus grande discrétion. Le 24 au soir, il exprime son soutien aux habitants de Mayotte par un tweet, et publie un autre message en hommage aux mineurs disparus lors de la tragédie de Liévin, 50 ans auparavant. Emmanuel Macron profite également de cette période calme de fin d’année. Il n’a pas réagi publiquement à la constitution du nouveau gouvernement, qui favorise ses partisans au détriment de ceux de Gabriel Attal. Ce nouvel exécutif sera réuni dès le 3 janvier pour le premier conseil des ministres de l’année.
Le président n’a pas assisté aux réunions d’urgence sur la situation à Mayotte depuis son retour de l’archipel le 22 décembre, mais il reste informé en temps réel, selon son entourage, grâce à divers appels téléphoniques traitant notamment de la situation internationale, en préparation pour son discours du mardi soir à 20h.
Le concept de reconstruction, l’idée qu’une nation bâtisseuse peut surmonter toutes les épreuves, semble être un thème central. « Réinvente-toi, retrouve la flamme de 2017 », lui a conseillé récemment un ami, convaincu qu’Emmanuel Macron n’a « pas peur des foules », même si l’apparence qu’il a donnée cette année fut celle d’un président « reclus dans sa forteresse ».