Réjane Varrod a réalisé un documentaire captivant qui met en avant les témoignages de femmes élevant seules leurs enfants. Ces mères se retrouvent souvent confrontées à une lourde charge mentale, un sentiment d’isolement et des obstacles financiers liés à leur situation. Ce documentaire, accessible sur le site de LCP, sera diffusé ce mercredi et sera suivi d’une discussion.
En France, plus de 1,5 million de mères élèvent seules leurs enfants, confrontées quotidiennement à de nombreux défis qui souvent les isolent. Le documentaire de Réjane Varrod, intitulé « Mamans solos, les oubliées de la République« , qui sera accessible dès mercredi 4 décembre sur le site de la chaîne LCP, vise à donner la parole à ces femmes et consiste entièrement en témoignages sans commentaires externes.
Tourné à Lyon, ce film présente des femmes partageant les réalités de leur vie quotidienne, leur charge mentale, ainsi que les obstacles économiques et sociaux qu’elles rencontrent, lesquels affectent tant leur santé physique que mentale. Désignées comme les « oubliées de la République« , ces femmes « sont invisibles, car elles sont accaparées par tant de responsabilités à gérer qu’elles n’ont pas le moment de s’exprimer« , explique Réjane Varrod.
« Leur expression est utilisée pour veiller sur leurs enfants, assurer le paiement du loyer, et accomplir leur travail ; en bref, pour gérer le quotidien. Elles n’ont pas la disponibilité pour livrer leur témoignage. »
Réjane Varrod42mag.fr
Ce quotidien éprouvant et empreint de solitude est souvent accompagné d’un sentiment de honte, la « honte d’être une maman solo« . Même si les mentalités évoluent lentement, l’image sociale de la famille continue de stigmatiser ce type de structure familiale, souvent perçu à tort comme déficient. « Elles empruntent des chemins détournés. Elles se sentent responsables« , explique la réalisatrice, qui a choisi de débuter son film par la rupture, source de cette culpabilité : « Devenir maman solo, c’est aussi raconter la fin d’une relation amoureuse. Inévitablement, c’est soit parce qu’on est quitté, soit parce qu’on quitte« .
Des cercles de discussion
Réjane Varrod a accompagné et écouté ces femmes, qui lui ont accordé leur confiance pour partager ces histoires. À l’origine, ces mères participaient à une association, un groupe de parole destiné à exprimer leur solitude et à encourager l’échange. « J’adore immortaliser ces groupes de discussion. J’apprécie vraiment le fait d’avoir une diversité de femmes unies, avec une solidarité exceptionnelle« , déclare la réalisatrice. C’est à partir de ces rencontres qu’elle sélectionne celles qui seront suivies devant la caméra, telles que Lucile, 39 ans, mère de deux enfants de quatre ans et 18 mois, ou encore Aude, 44 ans, avec sa petite fille de 21 mois.
« J’ai été étonnée par l’absence des pères. Il n’y a pas de père dans ce cercle de discussion, remarque Réjane Varrod, dans 85 % des familles monoparentales, ce sont les mères qui prennent soin des enfants« . Dans le film, Aude, une « maman solo« , évoque avec tristesse : « Je pense que, franchement, si nous n’existions pas, il y aurait beaucoup d’orphelins. Et cela me choque« .
Après une séparation ou un divorce, seulement 21 % des hommes demandent à avoir la garde partagée. Un chiffre qui surprend la réalisatrice. « Je me suis demandé s’il existe parfois des pères qui ne peuvent assumer leur rôle que lorsqu’ils sont accompagnés de la mère et de la famille, dit-elle. Ils ne peuvent plus être pères une fois que leur conjointe n’est plus là. Et cela me questionne« , conclut Réjane Varrod.