Dix ans après les événements de 2015, l’imprimeur de Dammartin-en-Goële revient sur ses souvenirs d’avoir été retenu en otage par les frères Kouachi, lors d’une entrevue avec 42mag.fr.
Michel Catalano affirme se sentir « en meilleure forme », bien que « pas tout à fait bien », lors de son passage sur 42mag.fr, mardi 7 janvier, une décennie après avoir été pris en otage par les frères Kouachi le 9 janvier 2015, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. Cet imprimeur de Dammartin-en-Goële explique avoir encore « beaucoup d’aspects à traiter sur le plan mental et physique » et tomber « malade » chaque année « à l’approche de l’anniversaire de cet événement. »
Dans son livre intitulé L’Imprimeur de Dammartin, publié au début de l’année 2025 aux éditions du Cherche Midi, Michel Catalano partage son expérience. Lors de son entretien sur 42mag.fr, il évoque de nombreuses « sensations marquantes », notamment la crainte que son employé, Lilian, caché à l’étage, soit découvert par les assaillants : « Ce qui importait le plus, c’était que mon collègue puisse s’en sortir vivant, car pour moi, j’étais résigné à ne pas survivre. » « Cela m’a donné la force et le courage de rester serein », confie-t-il.
Des lettres de soutien « extraordinaires »
Outre le récit de cette dramatique journée, Michel Catalano décrit son livre comme un moyen de témoigner de sa difficile réhabilitation : « Il était crucial pour moi de partager ce qui est arrivé ensuite. Non seulement ce que je traversais personnellement, mais également la souffrance de ma famille et des personnes de mon entourage. On parle souvent de ‘victimes indirectes’, mais ce sont de véritables victimes. »
Il évoque également les obstacles administratifs rencontrés pour obtenir des aides : « C’est quelque chose que nous avons découvert au fil de notre lutte. On nous faisait des promesses, mais cela dépendait souvent d’embauches, d’achats immédiats, ou il fallait ensuite rembourser. Ça n’a pas été facile, mais nous avons tenu bon. »
« La vie continue »
Il ajoute que les nombreuses lettres « extraordinaires » de soutien reçues ont contribué à son rétablissement : « Souvent, la nuit, lorsque je ne parvenais pas à dormir à cause des cauchemars persistants, je relisais ces lettres pour apaiser mon esprit. » Notamment grâce à une collecte de fonds organisée pour lui venir en aide, il se réjouit d’avoir « repris [son] activité » bien qu’il admette ne pas vivre pleinement « une vie normale ».
Avec une touche d’ironie, Michel Catalano note que le 7 janvier est aussi l’anniversaire de son propre anniversaire ainsi que celui de son père. « Désormais, ce jour-là, ce n’est plus la première chose qui me vient à l’esprit le matin », admet-il, avant de conclure : « Heureusement, de nombreux amis me souhaitent ‘Joyeux anniversaire !’. La vie continue, et continuer à vivre, c’est aussi célébrer les anniversaires. »