Les films emblématiques « Blue Velvet » et « Sailor & Lula », qui a remporté la Palme d’or en 1990, ainsi que « Elephant Man », ayant reçu 8 nominations aux Oscars, sans oublier la célèbre série « Twin Peaks », illustrent les fascinantes obsessions visuelles de David Lynch.
David Lynch nous a quittés le 16 janvier 2025, à l’âge de 78 ans. Sa disparition laisse un vide immense, alors qu’il a offert au monde une pléiade de personnages aussi étranges que captivants, captivant de ce fait des publics variés au fil des décennies. Entre les années 1977 et 2006, il a réalisé dix films marquants, dont la plupart ont acquis un statut de films culte. Dans son univers cinématographique, les routes interminables, souvent asphaltées, se croisent fréquemment avec sa présence et celle de ses acteurs favoris, notamment Laura Dern et Kyle MacLachlan.
Au cours de sa carrière, Lynch a été nommé à trois reprises pour l’Oscar du meilleur réalisateur, grâce à ses films emblématiques que sont Elephant Man, Blue Velvet, et Mullholland Drive. En 2019, il a reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. En France, il a été récompensé par deux César pour le meilleur film étranger avec Elephant Man en 1982 et Mulholland Drive en 2002. Revisitons ensemble les créations marquantes de cet artiste considéré comme ayant transformé en profondeur le cinéma américain.
« Eraserhead » (1977)
Le parcours cinématographique de David Lynch débute avec le film Eraserhead, une œuvre en noir et blanc qui plonge dans le body-horror dystopique. Ce premier long métrage voit le jour grâce aux gains de divers petits emplois de Lynch lui-même. L’histoire suit Henry Spencer, interprété par Jack Nance, un homme qui lutte pour survivre dans un monde industriel inhospitalier tout en s’occupant d’un bébé mutant laissé par sa compagne.
« Elephant Man » (1980)
Après Eraserhead, David Lynch attire l’attention de la maison de production de Mel Brooks, qui finance son second film Elephant Man. Ce biopic plonge le spectateur dans l’Angleterre victorienne de 1884 à Londres, où le chirurgien Frederick Treves prend sous son aile John Merrick, un homme défiguré et surnommé « Elephant Man ». Au-delà des apparences, le docteur découvre la sensibilité et l’intelligence de Merrick. Mettant en scène John Hurt, méconnaissable dans le rôle principal, et Anthony Hopkins, Elephant Man se fait remarquer avec huit nominations aux Oscars, dont celle de la meilleure réalisation, et remporte le César du meilleur film étranger en 1982.
« Blue Velvet » (1986)
Arrivé en 1986, le film Blue Velvet, réalisé et écrit par David Lynch, remporte le Grand Prix du Festival d’Avoriaz en 1987. Situé dans la banlieue paisible de Lumberton, le récit débute lorsque Jeffrey, incarné par Kyle MacLachlan, découvre une oreille humaine en état de décomposition en chemin pour l’hôpital avec son père. Son investigation le mène à la mystérieuse chanteuse Dorothy Vallens, jouée par Isabella Rossellini. Les teintes vives de ce film marqueront un changement par rapport aux précédents travaux de Lynch en noir et blanc. Étiquetée comme une œuvre culte, cette production marque également le début de la relation pro éthique et personnelle entre Lynch et Isabella Rossellini sur le tournage de Sailor & Lula.
« Sailor & Lula » (1990)
Dans Wild at Heart, connu en France sous le titre Sailor & Lula, David Lynch propose une œuvre qui façonne son style singulier. Récompensé par la Palme d’Or au Festival de Cannes, ce film dépeint l’histoire d’amour tumultueuse entre Sailor, joué par Nicolas Cage, et Lula, campée par Laura Dern. Leur romance est mise à rude épreuve par Marietta, la mère de Lula, interprétée par Diane Ladd, prête à tout pour séparer les jeunes amants. Acculés par une succession de personnages sinistres, ils entament une fuite effrénée au cœur de l’Amérique.
« Twin Peaks » (dès 1990)
David Lynch transpose son univers cinématographique sur le petit écran avec la série Twin Peaks, montrant une clairvoyance sur l’avenir des séries télévisées et le potentiel des plateformes de streaming. La série débute avec une question en suspens : qui a assassiné Laura Palmer, l’icône estudiantine de Twin Peaks dans l’État de Washington ? Chargé de l’enquête, l’agent spécial du FBI Dale Cooper, interprété par Kyle MacLachlan, utilise une approche peu orthodoxe mêlant intuition et amour des douceurs. La première saison de la série est un succès fulgurant, mais la deuxième éprouve plus de difficultés. En tout, 30 épisodes composent l’intrigue autour de ce meurtre énigmatique. Une trentaine d’années plus tard, une nouvelle saison de 18 épisodes apparaît en 2017, confirmant l’impact révolutionnaire de Twin Peaks sur le paysage audiovisuel.
« Lost Highway » (1997)
Ce long métrage voit un saxophoniste, Fred Madison, joué par Bill Pullman, être suspecté du meurtre de sa compagne, Renée, incarnée par Patricia Arquette, après avoir reçu d’étranges cassettes vidéo. Alors qu’il se retrouve derrière les barreaux, un jeune mécanicien, Pete Dayton, campé par Balthazar Getty, prend sa place. Libéré, il croise Alice Wakefield, sosie de Renée, incarnant encore une fois une de ces figures énigmatiques chères à Lynch, plongées dans un univers sombre et opressant.
« Mulholland Drive » (2001)
Considéré comme l’une des plongées les plus fascinantes dans les rouages d’Hollywood, Mulholland Drive a reçu le César du meilleur film étranger en 2002. Ce thriller néo-noir est porté par Naomi Watts, qui joue une aspirante actrice arrivant à Hollywood. Elle y rencontre une femme souffrant d’amnésie, interprétée par Laura Harring. Ensemble, elles explorent leur environnement mystérieux, révélant une critique subtile et complexe des dessous de la machine hollywoodienne. Ironiquement, le film, salué en tant que révélation sur l’industrie du cinéma, a été tourné presque sans soutien d’Hollywood, l’essentiel du financement ayant été assuré par StudioCanal.