Le ministre de la Justice récemment nommé, Gérald Darmanin, avait fait part de son souhait, ce samedi 28 décembre, de mettre en place une stratégie visant à renforcer l’isolement des cent principaux trafiquants de drogue incarcérés en France.
Placer en isolement les cent narcotrafiquants les plus influents est une idée qualifiée de « coup d’éclat » mais jugée « irréalisable » par Ménya Arab-Tigrine, avocate affiliée au barreau parisien, lors d’une intervention sur 42mag.fr le jeudi 2 janvier. Cette suggestion est l’œuvre du nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui se trouve actuellement à Marseille pour sa première visite ministérielle de l’année. Il prévoit notamment de se rendre à l’établissement pénitentiaire des Baumettes ce jeudi après-midi.
« Sur quels critères peut-on les identifier ?« , soulève l’avocate. Elle continue en expliquant que « les seuls habilités à déterminer ‘qui sont les menaces pour l’ordre public’ sont les magistrats, qui sont tenus par un certain secret« , souligne Me Arab-Tigrine, pour ajouter que « la justice ne sera donc pas en mesure de compiler cette liste« . Par ailleurs, la transmission d’une telle liste au ministre de la Justice est « contraire à la Constitution« , précise-t-elle, conseillant Gérald Darmanin qu’il est impératif de respecter les procédures judiciaires : « On ne peut pas se permettre d’ignorer la justice !«
« L’isolement, c’est de la torture blanche »
L’avocate met en avant une autre difficulté : « Le manque de places disponibles » dans les établissements pénitentiaires français. « Pour l’instant, les cellules d’isolement sont réservées aux terroristes« , ajoute-t-elle, expliquant que « il faudrait alors faire un choix entre différents détenus, sans critères légaux, ce qui ne peut être décidé de façon arbitraire« . Outre les obstacles logistiques, elle tient à rappeler que « l’isolement, c’est de la torture blanche« .
« C’est pas en faisant un tour à Marseille qu’on trouve des solutions« , confirme l’avocate en indiquant qu’il s’agit d’un « rituel incontournable » pour chaque ministre de la Justice. « La seule solution réside dans le renforcement des ressources avec des professionnels qualifiés« , affirme Ménya Arab-Tigrine. Un nouveau groupe de sept enquêteurs dédié à la lutte contre la corruption liée au trafic de drogue débutera ses activités en ce début d’année. « C’est un peu limité« , juge l’avocate tout en admettant que « c’est un bon point de départ« . « Il y a un manque criant de professionnels pour assurer la gestion des détenus« , insiste Ménya Arab-Tigrine.