Cinq semaines après que Mayotte ait été dévastée par un cyclone, les enseignants et le personnel sont retournés à l’école pour préparer le retour des élèves la semaine prochaine. Cela survient alors que les législateurs de France métropolitaine ont entamé le débat sur un projet de loi qui accélérerait les efforts de reconstruction dans le territoire de l’océan Indien, mais ne s’attaquerait pas au problème fondamental de l’immigration.
Les enseignants et le personnel administratif ont repris le chemin de l’école lundi à Mayotte, une semaine plus tard que prévu, en raison de la menace du cyclone Dikeledi qui a balayé la semaine dernière.
La circonscription scolaire de l’archipel emploie un peu plus de 10 000 personnes, dont plus de 8 000 enseignants, qui s’apprête à accueillir à nouveau quelque 117 000 élèves.
Beaucoup – membres du personnel et étudiants – sont toujours sans abri, sans eau ni électricité, plus d’un mois après le passage de Chido.
Certains bâtiments scolaires ont servi d’abris temporaires au cours de la première semaine après la tempête.
Beaucoup ont subi des dégâts, comme le lycée Nord à Acoua, dont le toit a explosé et les murs ont été réduits en ruines.
« De nombreuses salles de classe sont inutilisables », a déclaré à 42mag.fr la bibliothécaire scolaire Véronique Hummel. « L’électricité n’est revenue qu’un mois après le cyclone et l’eau n’est revenue que le matin du mardi 14 janvier. »
Elle se demande comment se passera l’enseignement dans ces conditions. Se pose également la question du nombre d’enseignants réellement présents.
Mayotte peine à se relever un mois après le cyclone dévastateur Chido
Les étudiants et les enseignants souffrent
« Il y a une inquiétude parce que certains ont perdu leur logement et se demandent comment ils vont s’en sortir », explique Jacques Mikulovic, surintendant de la commission scolaire de Mayotte, qui avait déjà du mal à recruter avant le cyclone.
« Nous voulons qu’ils reviennent afin de pouvoir les aider à trouver une solution. »
Quelle que soit leur situation personnelle, les enseignants présents expriment tous leur inquiétude pour leurs élèves.
«Ces étudiants sont dans une situation très précaire et il y a beaucoup d’incertitude», a déclaré Anaëlle Bracieux, qui enseigne le français langue seconde.
« Nous attendons de voir si tout le monde sera là, si quelqu’un est parti, s’il y en a qui ont bougé ou ont été blessés. »
Reconstruction de la facture
Pendant ce temps, en France métropolitaine, les législateurs ont commencé à débattre d’un projet de loi d’urgence pour Mayotte qui dérogerait à certaines règles d’urbanisme afin d’accélérer la reconstruction des maisons et d’autres bâtiments, y compris les écoles.
Le projet de loi ne porte que sur la reconstruction, et non sur l’épineuse question de la migration.
Un projet de loi restreignant le droit de citoyenneté à Mayotte – une tentative d’endiguer la migration en provenance des îles voisines – sera examiné le 6 février.
Le projet de loi sur la reconstruction est le premier texte du nouveau gouvernement de François Bayrou à être débattu à l’Assemblée nationale, et plusieurs députés de l’opposition l’ont jugé insuffisant lors de son passage en commission.
Mais malgré les critiques, le texte a été adopté, sans qu’aucun groupe ne veuille être blâmé pour avoir fait obstacle à une loi destinée à reconstruire Mayotte le plus rapidement possible.
Inspiré de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le projet de loi prévoit la création d’un opérateur public pour coordonner la reconstruction, qui serait dirigé par le général Pascal Facon, ancien commandant de l’opération Barkhane, la force antiterroriste française en le Sahel.
La loi donnerait à l’État le pouvoir de permettre aux autorités locales d’écarter les règles en matière de marchés publics, de planification et de domaine éminent.
Le gouvernement espère que le projet de loi sera voté à l’Assemblée nationale d’ici la fin du mois pour qu’il puisse être renvoyé au Sénat le 3 février.